Kristina arriva comme convenu une heure plus tard à la nouvelle résidence familiale. Elle était assez contente d’être là car son père et sa belle-mère l’avaient beaucoup manquée, mine de rien.

 

 

Quand son père lui ouvrit la porte, il la prit dans ses bras et ne la lâcha pas pendant un long moment, heureux comme tout d’enfin voir sa fille aînée adorée.

 

- Tu m’as tellement manqué, ma chérie ! Ne me refais plus jamais ça ! J’ai besoin de te voir souvent ! La sermonna-t-il une fois l’étreinte terminée.

- Promis, papa. Je suis désolée de ne pas avoir été très présente... Ça ne se reproduira plus !

- J’espère bien, parce qu’il était souvent triste en pensant à toi. Intervint Mila en les rejoignant.

 

 

Kristina vint l’enlacer également en guise de salutation.

 

- Désolée encore une fois, oh la la... Commença-t-elle à « gentiment » s’agacer.

 

Ils rentrèrent finalement dans la maison et après lui avoir fait faire le tour du mobilier, lui laissèrent choisir sa chambre.

 

 

Elle partagea ensuite un très bon repas avec ses parents où elle les mit à jour sur sa vie et ses projets professionnels.

Elle était bien contente d’être la première arrivée car elle pouvait enfin avoir toute l’attention de son père. Elle savait que ce ne serait plus le cas une fois que Maya et Sebastian seraient là demain, alors elle profitait de lui à fond.

 

☠ ☠ ☠

 

♬ One Desire - Rio ♬

 

Un peu plus tard, en début de soirée.

 

 

Pendant que Mila était parti faire des courses de dernières minutes pour la semaine, Kristina se détendait en se balladant sur Pinterest tout en écoutant l’une de ses ballades préférées de Gen X dans le salon.

Elle n’avait pas regardé l’émission sur laquelle ils étaient passé parce qu’elle n’avait pas envie d’entendre parler de leur collaboration avec Calypso. Cependant, elle écoutait leur nouvel album non-stop depuis sa sortie et elle était tout simplement conquise par leur travail !

De plus, elle ne pouvait s’empêcher d’écouter deux titres en particulier : Blind and Frozen, leur nouveau single, et Seasons... tout simplement parce qu’elle se reconnaissait tout à fait dans les paroles. Il semblait lui faire passer un message et c’est ce qui la confortait dans sa certitude qu’il serait avec elle dans quelques heures.

 

 

La jeune femme vit son père arriver avec un tout petit album photo qu’il posa sur ses cuisses avant de s’assoir à ses côtés sans dire un mot. Kristina le regarda l’air perplexe avant d’ouvrir l’album.

 

Cliquez sur les images pour les voir dans leur taille originelle ! 

 

Là, elle y vit son père avec vingt ans de moins, accompagnée d’une jolie fille blonde. Ils souriaient et semblaient passer un bon moment. Elle comprit alors de qui il s’agissait... leur ressemblance étant sans appel.

 

- Maman...

- Eh oui... Je suis prêt à répondre à toutes tes questions, ma puce. Lui dit-il ensuite.

- Tout ce que je sais c’est qu’elle s’appelait Christina avec un C et un H... alors pourquoi pas commencer par me raconter comment vous vous êtes rencontrés ?

 

 

- On s’est connu au lycée, on était dans les mêmes classes. On était pote au début et au fur et à mesure ça a évolué... Rien de bien romanesque, franchement. Commença-t-il par lui dévoiler.

- Tu l’aimais ?

- Oui, c’était mon premier amour... Mais on a eu du mal à faire accepter notre relation à ses parents. À son père particulièrement. Il n’aimait pas les irlandais... Enfin tout ce qui n’était pas « cent pour cent américain » comme il le disait. En gros, il voulait qu’elle ne fréquente que ce qu’on appelle des W.A.S.P. Des blancs, anglo-saxons et protestants.

- Mais c’est tout ce que tu es, non ? Lui demanda alors sa fille.

- Non, mes parents étaient athées... même s’ils ont été élevés dans la religion catholique quand ils étaient enfants en Irlande. Ils ne m’ont donc pas élevé dans la religion, ce dont je leur suis très reconnaissant. On vivait dans un quartier chaud du Queens et on ne roulait pas sur l’or non plus contrairement à ta mère qui était issue d’une famille très aisée...  Du coup au début on se voyait en cachette et arrivé en terminale elle est tombée enceinte par accident. Là on n’a pas trop eu le choix de tout dévoiler... Donc quand nos parents se sont rencontrés, ça a été une longue discussion avec pas mal de cris et de mots durs. Mais on voulait te garder depuis le début et tes grands-parents maternels étaient anti-avortement de toute façon... Du coup ils n’ont pas eu d’autre choix que d’accepter notre relation en fin de compte.

- Ils sont encore en vie ?

- Non, ils sont morts quand tu étais encore bébé. L’informa-t-il. - Bon, après tu connais malheureusement la suite... Elle a fait une hémorragie et n’a pas survécu à l’accouchement.

 

 

- Parle-moi un peu d’elle... Quel était son caractère ? Quelles étaient ses passions etc... 

- Elle avait un caractère assez trempé comme le tien... Elle était très jalouse et possessive, aussi... Ce qui pouvait être agaçant par moments. Elle avait aussi une passion pour les insectes, les araignées en particulier... J’ai jamais vraiment compris d’où ça venait, mais bon...  

 

Kristina fit les gros yeux en entendant ça avant de pouffer de rire. Son père l’imita.

 

- Pourquoi avoir déménagé à Cuba en particulier ? Tu aurais pu retourner en République d’Irlande.

- J’y ai pensé, figure-toi ! Mais j’ai toujours été attiré par Cuba depuis les cours d’histoire au collège et au lycée ! J’ai toujours été assez inspiré par les révolutionnaires Cubains et à l’époque je haïssais mon pays de naissance et leur impérialisme à la con. J’étais un espèce de rebelle sans cause à cette époque... Avec ta mère on projetait d’aller visiter ce pays après la fin du Lycée. N’étant plus là, j’ai pensé qu’y aller avec une partie d’elle serait comme lui rendre hommage... Donc six mois après ta naissance et avec la complicité de papi et mamie, je suis parti.

- Mes grands-parents maternels ne s’y sont pas opposés ?! Lui demanda alors Kristina.

 

 

- Pour te dire la vérité, depuis la mort de ta mère, ils ont tout fait pour te retirer à moi. La seule solution que j’avais c’était de partir alors c’est ce que j’ai fait avant qu’ils ne fassent appel à la justice. Connaissant les relations entre Cuba et les Etats-Unis à l’époque**, je savais qu’ils n’auraient aucun pouvoir sur nous. Lui apprit alors Brian.

- Heu... Tu m’as kidnappé en gros ?! S’exclama sa fille, ses yeux ronds comme des billes.

- Mais qu’est-ce que tu racontes, toi... ? Rétorqua son père, hilare. - T’es ma fille, je pouvais t’emmener ou bon me semblait. Puis il était injuste que ces gens réclament ta garde sous prétexte que j’étais un gamin de 19 ans « sans le sous » comme ils le disaient si bien. Depuis que j’ai su que j’allais être père j’ai pris toutes mes dispositions pour t’accueillir ! J’avais déjà des économies grâce aux divers petits boulots que je faisais quand j’étais lycéen et après le Lycée, j’ai travaillé non-stop comme barman dans un Pub irlandais ! Je me faisais beaucoup d’argent à cette époque ! Je n’allais sûrement pas laisser ces gens ignobles et racistes me prendre mon enfant... C’était hors de question !

 

Kristina sourit affectueusement à son père. Elle avait bel et bien fait fausse route pendant toutes ces années... En écoutant son récit, elle ne pouvait à présent plus nier que son père l’aimait inconditionnellement et pour le coup, elle se sentait assez coupable d’avoir douté de lui ainsi.

 

- Merci de m’avoir parlé papa...

- De rien, ma chérie.

- J’ai une autre question.

- Je t’écoute.

- Tu aimes Mila plus que tu n’aimais ma mère ?

 

 

Brian mit quelques secondes avant de répondre à cette question. Il ne voulait pas froisser sa fille ainée en lui répondant mais il se devait d’être honnête avec elle.

 

- Oui, Kris... Christina était mon premier amour mais Mila est l’amour de ma vie.

- Est-ce que tu t’imaginais rencontrer quelqu’un d’autre après maman ?

- Quand ta mère est morte, j’étais brisé et pour être honnête, rencontrer quelqu’un d’autre était le cadet de mes soucis... et puis Mila est arrivé. Répondit franchement Brian. - Ça n’a pas été un coup de foudre, hein. Je n’ai jamais eu de coup de foudre... C’était ma meilleure amie et de fil en aiguille je l’ai regardé autrement... Comme avec ta mère en fait.  

- Donc parfois de belles histoires d’amour peuvent mettre du temps à évoluer ?

 

 

- Bien sûr. Chaque relation est unique... Fit remarquer son père avant de la scruter. - T’es en train de faire un parallèle avec ton histoire avec Köylen ou quoi ?

 

Kristina sursauta quand elle entendit la question de son père, ne s’attendant pas à ce qu’il fasse le lien aussi rapidement. Cette dernière avait peu parlé de sa relation avec le chanteur mais il savait l’essentiel...

Elle décida alors, pour la première fois depuis longtemps, de se confier à lui en lui racontant ses problèmes de couple avec le finlandais.

Brian écouta attentivement sa fille, content de partager ce moment avec elle. Il ne pouvait s’empêcher de s’identifier avec le jeune homme en question... la seule différence ici étant qu’il n’était clairement pas amoureux de ses deux filles mais bien de sa benjamine.

Cela le rendit triste parce qu’il voulait qu’à l’issue de cette semaine, toutes ses filles s’entendent bien. Il savait déjà que Kristina aurait du mal à accepter son lien de parenté avec Calypso bien avant cette histoire de cœur... alors là ce serait encore plus compliqué.

 

 

Il essaya alors de tempérer les choses comme il le put.

 

- Je ne pense pas qu’haïr Calypso soit la solution et tu ne peux pas contrôler les sentiments de Köylen. Il m’a l’air assez perdu de ce que j’ai compris... Si ça ne marche pas avec lui ce n’est pas grave, ma chérie. C’est la preuve que quelqu’un de mieux t’attend quelque part...

- Mais je le veux, papa ! Je l’aime !

- Quand on aime vraiment quelqu’un, il faut parfois accepter de le laisser partir si on constate qu’il sera plus heureux ailleurs. Lui dit alors son père avec bienveillance. - De la même façon que tu ne peux pas vouloir quelqu’un, il n’est pas un objet mais une personne. Je sais que c’est douloureux à entendre mais s’il décide de retourner avec son ex, il ne faudra pas le prendre personnellement, ma puce. Tu es jolie, talentueuse et quelqu’un de bien, tu finiras par trouver chaussure à ton pied. Ne te mets juste pas d’œillères ou de barrières inutiles.

 

 

Kristina ne répondit pas immédiatement car elle était en train digérer les dires de son père. Elle savait au fond qu’il avait totalement raison... mais elle n’arrivait toujours pas à se faire une raison. Tant qu’il y aurait un espoir avec Köylen, elle ne le lâcherait pas.

 

- Merci pour tes conseils, papa... Dit-elle tout de même. - Ça m’avait manqué de parler avec toi.

- Moi aussi, ma petite puce...

 

 

 

** Dans cette histoire et plus particulièrement au moment de cette scène, l'embargo et les tensions entre Cuba et les Etats-Unis sont terminés. Les ressortissants américains peuvent par exemple voyager / s'établir sans contraintes dans le pays et internet est accessible dans les foyers etc. Ce qui n'est malheureusement pas le cas en réalité ! :/

 

Le lendemain matin, Maya, Seb et Köylen arrivèrent à destination comme convenu et sans anicroches. La jeune femme possédant un double des clés, se permit d’entrer librement dans la nouvelle maison familiale. 

Alors que Maya et Sebastian trépignaient d’impatience de passer cette semaine en République Dominicaine avec Brian et Mila, Köylen, lui, était assez anxieux de sa présence ici. Il savait qu’il allait devoir avoir une discussion assez difficile avec Kristina et le faire sous le propre toit de ses parents le mettait très mal à l’aise.

Seule l’arrivée de Calypso le lendemain lui donna une raison de ne pas faire demi-tour et de retourner à Los Angeles. Il ne voulait plus attendre pour reprendre leur relation, alors il ferait ce qu’il avait à faire pour remettre les choses en ordre dans sa vie sentimentale en espérant ne pas causer trop de dégâts.

 

- On est arrivés ! Annonça Maya en parcourant le salon. - Punaise, j’aime déjà cette maison ! Dit-elle en regardant les alentours.

 

 

Mila et Brian, levés depuis un peu plus d’une heure, étaient dans la cuisine quand ils entendirent leur fille les appeler. Souriants, ils allèrent les accueillir chaleureusement et se présentèrent aux jeunes hommes. 

Quand ils virent la bague de fiançailles au doigt de leur fille cadette, ils sautèrent de joie et étreignirent le couple, heureux comme jamais de cette très belle nouvelle !

L’euphorie et le florilège de félicitations passées, les trois nouveaux arrivants reçurent le même traitement que Kristina la veille avec une visite des lieux plus le choix de choisir leur chambre.

 

 

Köylen rejoignit ses amis dans le couloir afin de rejoindre ensemble les parents de Maya dans la cuisine quand ils virent Kristina sortir de sa chambre.

Quand cette dernière, lavée et habillée mais encore un peu fatiguée de sa nuit, entendit le bruit de l’autre côté de sa porte, elle alla voir ce qu’il se passait. Quand elle les vit dans le couloir et surtout quand elle vit Köylen, un énorme sourire se dessina sur son visage et elle se jeta dans ses bras, toute contente, sous le regard un peu embarrassé de Maya et Sebastian.

Köylen, lui, était dans le même état mais une certaine tristesse le gagna. Il ne voulait vraiment pas la froisser et lui faire croire qu’il était là pour qu’ils reprennent leur relation... mais comment faire quand elle était si enthousiaste... ?

 

- J’suis tellement contente que tu sois là, Köy ! Lui dit-elle après avoir relâché son étreinte. - Tu m’as trop manqué, si tu savais... Je savais que je pouvais te faire confiance et que tu reviendrais vers moi ! Je vais finir de me préparer pour la journée, je te retrouve dans quelques minutes !

 

Elle détourna enfin son attention de lui pour saluer vite fait sa petite sœur et son fiancé avant de disparaître dans sa chambre, laissant les trois jeunes gens un peu préoccupés.

 

 

- J’ai même pas eu le temps d’en placer une ! Chuchota Köylen alors qu’ils se dirigeaient vers la cuisine.

- T’inquiète pas, tu trouveras le temps de discuter avec elle plus tard... Le rassura Maya.

- Je continu de penser que c’est vraiment une mauvaise idée de faire ça ici... J’vais me faire débroussailler par tes parents.

- Mais puisque je te dis que non ! Dit la grande brune, limite exaspérée.

 

 

Köylen n’eut pas le temps de répondre car Mila vint les chercher pour les emmener dans leur jardin pour le petit déj’.

 

- Ce sera plus agréable dehors. Fit remarquer Brian quand ils furent tous installés à table.

 

Ils firent alors connaissance autours de ce repas matinal et convivial. Les deux Gen X ne maîtrisant pas assez l’espagnol, les parents de Maya parlèrent alors en anglais pour se faire comprendre. Une très bonne ambiance régnait et Köylen se détendit de plus en plus. Il constata que Mila et Brian étaient très chaleureux et ouverts d’esprit.

 

 

Kristina apparut une bonne vingtaine de minutes plus tard et s’installa à côté de Köylen avec un grand sourire. Sourire auquel le chanteur répondit à moitié, faisant mine d’être trop occupé à manger son plat.

 

- J’espère que vous jouerez un peu de musique pendant votre séjour ici ! Dit alors Brian. - Je suis un énorme fan de ce que vous et Amaranth faites. On a tous vos albums !

- Et on a regardé l’Eurovision, aussi ! Rajouta Mila. - Si on avait la possibilité de voter, on l’aurait fait pour vous à plusieurs reprises !

- Merci beaucoup ! Et oui pas de soucis pour jouer quelques morceaux ! On le fera avec plaisir, même ! Répondit Köylen, ravi.

- Vivement que Caly arrive, alors ! Comme ça on sera au complet ! Dit alors Maya, sachant très bien que cette information ferait fulminer sa sœur... d’ailleurs sa réaction ne tarda pas à arriver.

 

 

- Quoi ? Tu l’as invité ici ?? Son air joyeux vola en fumée à l’entente de cette nouvelle. - C’est pas possible, j’ai dû mal entendre !!

- Heu non, tu as bien entendu, Kris... Répondit son père à la place de Maya. - C’est l’amie de ta sœur et si elle veut l’inviter elle en a le droit.

 

Kristina ne répondit rien mais montra clairement qu’elle n’était pas contente de cette nouvelle. Elle qui pensait passer un moment en famille, voilà que l’ex de son copain venait taper l’incruste ! Finalement, elle continuait d’être une nuisance, même après l’Eurovision... C’était très désagréable !

Ce qui la rassura, cependant, c’est de se dire que Köylen était là avec elle. C’était tout ce qui comptait à ses yeux et elle avait hâte de marquer son territoire une fois que cette naine serait là.

 

 

Le petit déjeuner continua donc sous les conversations passionnées sur la musique auxquelles Kristina ne participa pas. Köylen remarqua que Brian était très instruit musicalement parlant.

 

- Vous êtes aussi musicien ? Lui demanda-t-il alors

- J’étais le chanteur d’un groupe de grunge quand j’étais au lycée... Et je joue un peu de guitare et de la basse mais j’ai pas un niveau pro. Répondit Brian. - Après, j’écoute vraiment beaucoup de musique donc c’est pour ça que je donne l’impression de m’y connaître !

- Ça se voit que vous êtes un passionné, pas étonnant que vos filles aient choisi d’être des artistes.

- Tiens, suis-moi je vais te montrer quelque chose... Dit alors Brian en se levant de sa chaise. - On arrive tout de suite ! Ajouta-t-il ensuite à l’adresse des autres convives qui suivaient la discussion avec un grand sourire aux lèvres.

 

 

Köylen suivit Brian tout en l’écoutant lui parler de sa jeunesse à New York et comment lui et son défunt père se rendaient à toutes sortes de festivals de rock et metal. Ils entrèrent dans un coin du salon où étaient disposés divers équipements et instruments de musique.

 

- Mon père était jeune adulte pendant l’âge d’or de Woodstock et il a assisté au mythique concert de Jimi Hendrix là-bas. Il a toujours été son idole et il a réussi à se procurer une guitare qui lui a appartenu dans une vente aux enchères... Dit le père de Maya en lui montrant du doigt une guitare posée dans un coin de la pièce.

 

Köylen fit les gros yeux en écoutant son interlocuteur et en observant l’instrument qui, vu comme ça, semblait être la plus banale des guitares.

 

 

- C’était son bien le plus précieux... et il me l’a donné quand je suis parti m’installer à Cuba. Cette guitare a une valeur très sentimentale pour moi... Continua Brian. - Tu peux l’essayer si tu veux. Lui proposa-t-il alors, ce qui fit presque sursauter le chanteur.

- Vous êtes sûr... ?

- Tu en feras meilleur usage que moi.

 

 

Köylen prit l’instrument avec beaucoup de précaution, mesurant l’immense chance qu’il avait de toucher un objet qui avait appartenu à l’un des plus grands artistes de notre ère. Il tremblait d’ailleurs un tout petit peu, tellement il était excité d’y coller ses doigts.

Il commença à faire un petit solo de guitare, un énorme sourire sur le visage, sous le regard tout aussi jovial de Brian. Au fur et à mesure il prit un peu plus d’assurance et joua une mélodie un peu plus complexe mais tout aussi agréable à l’ouïe.

 

- Wow... c’était génial ! Merci de m’avoir laissé jouer sur cette guitare, c’est un véritable bijou. Dit Köylen en posant la guitare sur son socle avec beaucoup de précaution, heureux comme tout.

 

 

- T’es vraiment doué, y a pas à dire. Dit le grand blond aimablement avant de prendre un ton un peu plus sérieux. - Je ne t’ai pas amené ici uniquement pour te montrer cette guitare. Je voulais te parler en tête à tête.

 

La mine joyeuse de Köylen flétrit quelque peu. Quelque chose lui disait qu’il allait avoir une discussion assez déplaisante mais Brian, voyant son changement d’attitude, l’apaisa immédiatement.

 

 

- Ne t’en fais pas, je ne vais pas t’embrouiller ou quoi que ce soit.

- Je vous écoute... Dit alors le grand brun, un peu plus serein même s’il demeurait toujours inquiet 

- Je connais les grandes lignes de ce qu’il se passe entre toi et mes- Kristina et Calypso. Se rattrapa rapidement Brian. - J’ai... été dans une situation à peu près similaire quand j’avais ton âge donc je ne suis pas là pour te juger. Je sais que tu as fait ton choix et que tu comptes discuter avec Kris. Sache que quelle que soit l’issue de cette discussion, tu seras toujours le bienvenu ici.

- Heu... Merci... Se contenta de répondre Köylen assez perturbé par les paroles de Brian. - Et je suis vraiment désolé, je n’ai jamais voulu blesser votre fille.

- Je le sais mon garçon, je le sais... C’est la vie et ne t’inquiète pas, elle finira par s’en remettre. Je la connais bien quand même.

- Je l’espère...

- Tu m’as l’air d’être un bon gars, je suis content que tu fasses parti de la famille.

- Hein ? Mais je-

 

 

Köylen n’eut pas le temps de terminer sa phrase car Maya les interrompit.

 

- Bon, papa, tu peux lâcher Köylen s’il te plaît ? On veut aller à la plage !!

- Oh la la... Ok Ok ! Je vous laisse, les jeunes ! Dit Brian en faisant mine d’être outrée. - À tout à l’heure, Köylen et n’hésite pas à venir jouer de la guitare dès que t’en auras envie !

 

Brian disparut de la pièce, laissant un Köylen assez songeur quant à leur conversation et en particulier sa dernière phrase qu’il ne comprenait pas. Il allait littéralement rompre pour de bon avec sa fille, alors pourquoi avait-il dit ça ? Il fut tiré de ses songes par Maya qui le prit par le bras et marcha avec lui vers l’entrée de la maison où Kristina et Sebastian (qui était en train de discuter avec Mila) l’attendaient.

 

 

- Let’s go, folks ! S’exclama-t-elle, énergique comme jamais. - Maman, lâche mon fiancé, t’es déjà marié il me semble !

 

Après avoir provoqué un fou-rire général avec sa remarque, les quatre jeunes adultes se dirigèrent vers la plage privée du domaine.

 

Ils restèrent à la plage pendant deux bonnes heures à papoter sur tout et rien et surtout à profiter du soleil caribéen.

Alors qu’ils marchaient le long de la plage, Kristina commençait à se poser des questions. Köylen était bien trop distant à son goût. Elle s’attendait à ce qu’il soit plus tactile, plus démonstratif... à l’image de sa petite sœur et de son fiancé qui semblaient ne pas pouvoir rester ensemble sans qu’un centimètre de leur peau ne soit en contact l’une avec l’autre.

Pas une fois il ne l’avait embrassé, ni tenu la main depuis son arrivée. Il se comportait avec elle comme il se comporterait avec une bonne amie et ce n’était pas ce qu’elle voulait.

Alors qu’elle pensait faire le premier pas et lui prendre la main, elle remarqua qu’il avait les bras croisés... C’était bien sa veine...

 

 

- Tout va bien, Köy ? Lui demanda-t-elle alors.

 

Cette question fit sortir Köylen de ses songes. Il était justement en train de réfléchir à une manière de discuter sereinement avec Kristina. Elle finirait sûrement blessée à la fin mais il espérait au moins pouvoir conserver une forme d’amitié entre eux. De plus, avec Calypso qui arrivait le lendemain, il ne voulait pas créer plus de malaise...

 

 

Quand Sebastian et Maya se rendirent compte que Köylen et Kristina s’étaient arrêtés de marcher, ils virent le grand brun leur faire signe de continuer leur chemin et qu’ils les retrouveraient plus tard. Les deux fiancés se lancèrent un regard mi-anxieux, mi-réjoui et s’exécutèrent. Ils espéraient que l’issue de leur conversation ne serait pas trop catastrophique et qu’ils pourraient passer une bonne semaine malgré tout.

 

♬ DragonForce - Avant la Tempête ♬

 

 

- Je dois te dire quelque chose, Kris...

- Laisse-moi deviner, tu as couché avec elle... ? Ça n’a pas d’importance puisque tu es là, maintenant. Ok, je ne m’attendais pas à ce que tu me l’avoues de toi-même mais ça faisait partie du marché et je ne vais pas t’en tenir rigueur. On peut maintenant repartir de zéro.

 

 

- Ça ne va pas marcher entre nous, on le sait tous les deux. Dit-il enfin.

- Qu... Quoi ? Les yeux de Kristina s’embuèrent instantanément de larmes. - Tu es venu pour rompre avec moi, alors ? Dis-moi que je me trompe !

- Kris, on n’est plus heureux tous les deux. Tu le vois bien, non ? On s’est tous les deux voilés la face...

- C’est ce que je constate en effet... Dit-elle froidement. - Je croyais bêtement que je pourrai te rendre heureux... et toi tu n’as jamais cessé de l’aimer, finalement. J’étais que ton bouche-trou en fait, c’est pour ça que tu ne voulais jamais me parler de ta vie avant Gen X ou encore que tu n’étais pas épanoui sexuellement avec moi. J’aurais dû écouter ma sœur tout ce temps, en fait...

- Non, je te jure que je ne t’ai jamais considéré comme tel ! Se hâta de répondre Köylen. - Je m’étais mis avec toi parce que tu m’attirais vraiment et que j’avais envie de voir où notre relation pouvait nous mener.

- Et maintenant que Caly semble prête à te reprendre, tu me lâche comme une sale merde. Constata alors Kristina. - Vous comptez vous pavaner devant moi durant la semaine, c’est ça ? Juste pour vous foutre de ma gueule ?!

- Kristina, même avant ça, tu voyais bien que ça n’allait pas entre nous, non ? J’étais incapable de te répondre quand tu disais m’aimer bien avant que Caly ne débarque à Los Angeles. Et puis quand on a cru que tu étais enceinte, il était clair comme de l’eau de roche qu’on n’avait pas les mêmes attentes dans la vie ! On fonçait droit dans le mur, reconnais ça au moins !

- Moi je voulais être la mère de ton enfant et j’aurais pu aller vivre en Europe pour te faire plaisir.

- Mais là est tout le problème, Kris ! Lui fit remarquer Köy. - Tu n’aimes pas assez l’Europe pour y vivre, je ne me voyais donc pas t’imposer de t’y installer définitivement et t’y voir malheureuse. Pareil pour les enfants, tu n’en veux qu’un et moi plusieurs. Je n’allais pas te forcer à en avoir plus, non plus... Tu vois donc bien que Caly soit dans l’équation ou pas, on n’aurait jamais pu aller bien loin ensemble. 

- Je t’ai dit qu’on pourrait faire des compromis ! Je veux bien vivre en Europe six mois sur douze et avoir plus d’un enfant avec toi si c’est ce que tu souhaites.

- Non, Kristina... On va s’arrêter là, je suis vraiment désolé. Dit Köylen, ému malgré lui de la voir si triste. - Je tiens quand même à toi, tu es une fille bien et tu mérites d’être avec quelqu’un qui sera à cent pour cent disponible pour toi. Ça n’a jamais été mon cas... et je le regrette beaucoup parce que je t’ai fait perdre ton temps, en fin de compte. J’espère que tu trouveras la force de me pardonner un jour et si tu veux que je m’en aille, je m’en irai, ne t’en fais pas.

 

 

- Non, reste... S’empressa de réponde Kristina, triste comme jamais. - J’aimerais savoir ce qu’elle a plus que moi... ou que n’importe qui ? Lui demanda-t-elle ensuite.

 

Köylen soupira un peu de lassitude, il n’avait pas très envie de répondre à la question mais il le fit quand même. Il lui devait bien ça.

 

- Elle n’a rien de plus que toi, Kris. Je l’aime comme je n’ai jamais aimé personne, c’est tout. Je n’y peux rien, je ne contrôle pas mes sentiments et je te promets qu’un jour tu connaîtras ça, toi aussi. En tout cas c’est tout ce que je te souhaite...

- Donc Blind and Frozen et Seasons étaient des chansons pour elle, en fait… Comprit la jolie blonde en ricanant nerveusement. - Ça prend tout son sens, maintenant... Et moi qui pensais bêtement que ces chansons étaient pour moi... Elle fit une petite pause avant de poser son regard larmoyant sur son désormais ex-petit ami. - Est-ce... Est-ce que je peux t’embrasser une dernière fois ? Lui demanda-t-elle alors. Cette requête décontenança un peu le chanteur.

- Désolé, Kris.... Mais j’vais devoir refuser.

 

 

Kris rit nerveusement encore une fois avant de faire face à l’océan.

 

- Tu peux me laisser seule, s’il te plaît... ?

- Bien sûr... Accepta Köylen cette fois-ci. - Encore une fois, je peux retourner à L.A si tu veux. Je ne veux pas que ma présence t’empêche de profiter de ton séjour dans ta famille.

- Tu peux rester, je te dis... Répéta la grande blonde en séchant ses larmes.

- Bon, d’accord... À tout à l’heure, alors.

 

☠ ☠ ☠

 

 

Köylen retrouva Maya et Sebastian dans le jardin après dix minutes de marche depuis la plage. Il s’affala de tout son poids sur le sofa, la mine un peu tirée, mais tout de même satisfait.

 

- Alors, ça y est... ? Le questionna Sebastian.

- Oui, c’est fait. Je me sens un peu mal mais c’était nécessaire...

- T’en fais pas, va... Le rassura Maya. - Je vais discuter avec elle un p’tit peu tout à l’heure, histoire de lui remonter le moral.  

- Je continue de penser que je ne devrais pas être là... Et ça malgré que ton père et Kristina elle-même m’aient dit que je pouvais rester...

- Mon père... ? Pourquoi il t’aurait dit ça ? Lui demanda alors la jeune femme, assez perplexe.

 

Le chanteur lui raconta alors la courte conversation qu’il avait eu avec Brian en n’omettant aucun détail, ni même la dernière phrase qu’il lui avait dit.

 

- Ah, il est au courant que tu es le frère adoptif de Sebastian, donc mon futur beau-frère. Il a dû dire ça dans ce sens-là... Je vois pas ce que ça pourrait être d’autre.  Et il est hors de question que tu ailles où que ce soit ! T’as oublié que tu viens chercher Caly à l’aéroport avec moi ou quoi ?

 

 

Elle vit alors Kristina arriver et faire son chemin vers l’intérieur de la maison, possiblement vers sa chambre.

 

- Je vous laisse, je vais aller lui parler. Les informa-t-elle ensuite.