Jessi arriva à l’hôpital vers une heure et demie du matin et parcourut le couloir de la salle d’attente du service de neurochirurgie. L’endroit était désert et il ne mit donc pas longtemps à trouver ses enfants.

Son cœur déjà serré par les événements actuels se resserra d’avantage quand il vit Calypso allongée sur la banquette, endormie. Sa tête, posée sur les cuisses de son grand frère témoignait de son chagrin. Ses yeux étaient bouffis et son mascara étalé sur son visage...

 

 

Le père de famille soupira longuement et vint à leur rencontre. Il s’agenouilla et caressa tendrement les cheveux de sa fille.

 

- Des nouvelles concernant Köylen ?

- Non, il est toujours au bloc... Répondit Sledge, très fatigué.

- Tu peux rentrer, je vais rester avec elle, fiston.

- Hors de question que je la laisse. Refusa catégoriquement le grand châtain.

 

Jessi ne put s’empêcher de laisser s’échapper un petit sourire au coin de ses lèvres. Il ne savait même pas pourquoi il lui avait fait une telle proposition. Il savait très bien que le frère protecteur qu’il était ne la laisserait jamais trop loin de lui.

 

- Vas nous chercher des cafés et de quoi grignoter, alors... Lui demanda-t-il alors en commençant à chercher des pièces dans ses poches.

- J’peux pas bouger, j’vais la réveiller... Regarde comme elle a l’air paisible. Elle a bien besoin de repos...

 

 

Son père se chargea donc de la mission qu’il refusa d’accepter et revint une dizaine de minutes plus tard avec de quoi tenir.

 

- C’est un truc de malade dehors... C’est comme si c’était Michael Jackson qui était dans l’établissement... 

- Ouais on les entend d’ici... Marmonna Sledge.

 

En effet, ils entendaient les fans chanter une énième chanson de Gen X, Watercolour, cette fois-ci.

 

- Et toutes les chaînes d’infos et de musique couvrent ce drame... Heureusement qu’ils ne m’ont pas reconnu avec les vitres teintées de la voiture.

- Ils disent quoi, exactement ? Demanda Sledge.

 

Il y avait une télé dans la salle d’attente mais à la demande de ce dernier, les employés de l’hôpital mirent une chaîne pour enfant afin de ne pas perturber Caly.

 

- Pour l’instant ils répètent la même chose en boucle. Ils parlent également de l’historique du groupe et passent divers témoignages de fans en attendant que les toubibs, le procureur et le commissaire de police fassent une conférence de presse pour tenir les gens à jour.

- Je présume qu’ils attendent également d’en savoir plus sur le sort de Köylen...

- Ouais...

- Quelle merde...

- J’te l’fais pas dire... Dit Jessi en soupirant longuement. - J’ai vu les ambulanciers ramener les corps de Jan et Torsten en venant ici... Pauvres gamins...  C’est atroce....

 

Sledge ne trouva rien à répondre ni à ajouter aux dires de son père. Il ne savait juste pas quoi faire à part être là pour sa sœur et espérer la meilleure issue pour Köylen.

Ils patientèrent donc pendant plusieurs heures et furent à un moment donné rejoints par Klaara qui voulait elle aussi attendre des nouvelles de son fils adoptif. Elle était dévastée comme tout le monde par la situation.

Elle ne pouvait pas imaginer une seule seconde perdre Köylen, le seul et unique descendant sa défunte meilleure amie. Ce garçon qu’elle avait élevé, regardé grandir, s’épanouir et qu’elle aimait autant que son fils biologique.

 

☠ ☠ ☠

 

7h16 du matin.

 

 

Le Dr. Kakko était exténué. Il sortait de l’intervention chirurgicale la plus difficile de sa carrière et se dirigeait, en compagnie des Docteurs Skarsgård et Jonasson vers la salle d’attente où il savait que la petite amie de son patient attendait.

Quand il arriva à destination, il constata que deux personnes supplémentaires s’étaient jointes à son frère et elle. Il vit Sledge réveiller calmement la jeune femme pour leur faire savoir qu’il était là.

 

 

- Bonjour à tous. Les salua-t-il, le regard bienveillant.

- Bonjour Docteur... Répondit Caly, encore un peu dans le coaltar mais assez consciente pour ressentir la peur remonter en elle.

Ça y est, c’était le verdict.

- L’intervention a été très compliquée à mener... mais dans l’ensemble s’est bien passée. Leur dit-il directement pour les apaiser rapidement.

 

Il vit les yeux des deux femmes s’embuer de larmes instantanément. Sledge dut même soutenir Caly pour ne pas qu’elle tombe.

 

 

- Nous avons réussi à rattacher le crane de Monsieur Pawelski avec succès à l’aide de vis et tiges métalliques. Expliqua le Docteur Skarsgård. - Par chance il n’y avait pas d’autres lésions sur sa colonne vertébrale donc nous écartons le risque d’une quelconque paralysie au moment où nous discutons.

- Ça veut dire que cela pourrait arriver plus tard ? L’interrogea alors Klaara, soulagée mais inquiète comme tout le monde ici présent.

- Il n’est pas impossible qu’il développe des infections durant sa convalescence, ce qui pourrait donner lieu à une paralysie au niveau cervical. Eclaircit le Docteur Jonasson. - C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons pris la décision de placer Monsieur Pawelski dans un coma artificiel. Les autres raisons étant qu’ainsi il ne souffrira pas et que nous pourrons mieux contrôler les éventuelles mauvaises surprises...

- Nous allons le surveiller de très près pendant les prochains mois. Si tout se passe sans encombre, nous le réveillerons et il devra suivre quelques semaines de rééducation... À l’issue de cela, nous sommes très confiants sur le fait qu’il fera une rémission complète. Compléta le Dr. Kakko.

 

 

Caly se détacha de son frère et contre toute attente, alla enlacer le chirurgien, reconnaissante. Le Docteur accueillit cet échange avec bonheur. C’était dans ces moment-là qu’il se rappelait pourquoi il avait choisi de devenir médecin.

 

- Merci... Merci pour tout ! Les remercia-t-elle. - Est-ce que je peux le voir ?

- Dans quelques instants. Répondit le Docteur. - Nous l’avons transféré dans le service de réanimation de l’aile VIP où se trouvent votre sœur et vos amis.

 

 

Sans attendre une seconde de plus, ils se dirigèrent tous vers la chambre du leader Gen X. Là, ils y retrouvèrent une réceptionniste qui se présenta sous le nom de Tarja et qui leur demanda de patienter quelques instants le temps que les infirmières installent Köylen dans son lit.

On vint les chercher dix minutes plus tard.

 

 

Ils pénétrèrent dans une spacieuse chambre où Köylen était alité avec une minerve au cou. Un tube dans sa bouche était relié à un ventilateur qui faisait le travail de faire passer l'oxygène dans ses poumons à sa place.  

 

 

Caly se dépêcha d’approcher de lui et le contempla, les yeux larmoyants. Son beau visage était tuméfié. Il avait l’air si petit et fragile comme ça... Elle n’osait pas le toucher, de peur de lui faire du mal, mais son envie était plus forte qu’elle et elle déposa un long baiser sur son front.

Ce petit contact fut assez pour faire de nouveau couler ses larmes sur ses joues. Elle lui prit la main, tandis que Klaara approchait de l’autre côté du lit pour passer ses doigts dans les cheveux du jeune homme.

 

 

- Bats-toi, Köy... Dit cette dernière.

 

Caly avait beau être heureuse de savoir que Köylen était sauf, elle ne pouvait s’empêcher d’être triste en pensant à Jan et Torsten encore une fois. Elle redoutait déjà le jour où elle devrait lui apprendre qu’ils étaient décédés...  Elle redoutait de voir l’expression qui se dessinerait sur son visage ce jour-là.

 

- Souviens-toi que tu n’es pas seul... Je serai là, Köy. On sera tous là pour toi... Lui dit-elle.

 

Effectivement, s’il y avait bien une chose qu’elle ne redoutait pas, c’était d’être à ses côtés à chacune des épreuves qui viendraient sur leur chemin. Elle serait son roc et sa béquille.

 

 

 

 

Hello, world !

Ainsi se termine le nouvel épisode ! On se retrouve au prochain !
Prenez soin de vous ! 

 

D'ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur le trauma dont souffre Köylen, je vous invite à consulter les articles ci-dessous:

- A 22 ans, il survit à une décapitation interne 

- Fiche complète sur la dislocation atlanto-occipitale (pour les anglophones, par contre. Je n'ai pas trouvé d'articles assez détaillés sur la question dans notre langue)

 

 

 

♥
Geist

Le lendemain.

Los Angeles, 20h45.

 

 

Kristina qui venait de terminer de prendre sa douche après sa séance de sport, attendait patiemment l’arrivée de Camilla dans le mini jardin du complexe sportif. Elles étaient censées rejoindre le reste du cast de Mortal Kombat pour boire un verre et essayer de passer un bon moment.

Elle n’avait pas du tout donné le meilleur d’elle-même ce soir-là et elle n’avait pas pu trouver la concentration nécessaire pour effectuer ses exercices convenablement. Et pour cause, elle était, avec évidence, complètement bouleversée par l’accident dont avait été victime Köylen.

Elle avait appris la nouvelle alors qu’elle passait une soirée chill dans son appart’ avec Camy. Quand l’épisode de Grey’s Anatomy qu’elles regardaient d’un coin de l’œil s’était interrompu pour diffuser une édition spéciale relatant et couvrant cet effroyable événement, elle était restée figé face à l’écran, croyant à une hallucination.

 

 

Elle avait ensuite tenté de joindre Maya et ses parents sans succès, ce qui ne fit qu’accroître son angoisse et dût attendre de recevoir un texto de Calypso qui l’a mis à jour sur l’état de santé de leur sœur et de Köylen.

La grande blonde avait été quelque peu reconnaissante mais n’avait pas pris la peine de lui répondre.

Elle n’avait donc pas dormi de la nuit car trop angoissée et trop inquiète pour Köylen. Malgré elle et aussi malsain et glauque que cela puisse paraître, la seule consolation qu’elle trouva dans l’éventualité qu’il meurt de ses blessures était que Calypso ne serait plus avec lui. Elle était totalement consciente de la gravité de cette pensée intrusive...

 

 

Bien entendu, jamais elle dirait cela à voix haute.

Elle ne dirait pas non plus qu’elle ne se sentait pas spécialement très triste de la mort de Jan et Torsten. Après tout, ils n’avaient jamais été proches et ils la toléraient uniquement parce qu’elle sortait avec leur leader... Elle regrettait juste qu’ils soient partis si jeune et de cette manière.

 

 

 

Elle fut sortie de ses songes lorsque Camy arriva enfin et prit place à ses côtés.

 

- Salut, Kris... Alors, ta séance de sport t’as permis de t’aérer l’esprit un petit peu ?

- Pas vraiment, non... Lui avoua-t-elle. - J’ai pas fait une bonne performance, ce soir. J’aurais dû rester à la maison.

- J’peux te poser une question... ? Lui demanda alors Camy, lentement.

- Bah oui...

 

 

- Qu’est-ce que tu fiches encore ici ?

- Le tournage commence dans moins de deux semaines, Camy ! Fit remarquer Kristina, comprenant tout de suite où elle voulait en venir.

- C’est amplement suffisant pour aller voir ta sœur et ton ex hospitalisés ! T’as appelé Calypso pour avoir des nouvelles ?

- J’ai des obligations bien avant le tournage, Camy et tu le sais très bien ! J’dois essayer mes costumes, j’ai mon entrainement de tir, ma séance de table read et j’en passe... Et puis jamais de la vie je l’appellerai, elle...

 

 

Camy ne répondit pas tout de suite. Elle préféra prendre une longue et silencieuse inspiration-expiration pour calmer ses nerfs. Elle était très déçue que malgré la crise que traversait sa famille, Kristina n’arrive toujours pas à se débarrasser de ses vieilles rancœurs puériles ou du moins à les mettre de côté pour être auprès de sa famille.

La grande rousse ne lui dirait pas le fond de sa pensée. 

 

 

- J’ai pris un billet pour Helsinki. Je pars demain matin. Lui apprit-elle alors, le plus calmement possible.

 

Elle eut le temps de voir la stupéfaction se dessiner sur le visage de son amie pendant une fraction de secondes avant qu’elle ne reprenne une posture neutre.

 

- Ok... Bah tu me tiendras au courant...

- James n’aura aucun mal à te laisser quelques jours pour aller voir ta famille. Je le sais puisque j’ai déjà travaillé avec lui. Lui fit remarquer Camy avant de rajouter, toujours avec calme : - Te rendre sur place sera le seul moyen de savoir comment Maya et Köylen se portent. Ne compte pas sur moi pour ça... Ce n’est pas ma place ni mon rôle.

 

 

Et sur ces mots, Camy se dirigea vers a sortie. Kristina lui emboita le pas quelques secondes plus tard, l’air pensive...