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    Après un long vol de plus de onze heures sans escales, le couple arriva enfin à bon port. Bien que le paysage allemand détonnait beaucoup avec la République Dominicaine, le ciel était dégagé et le climat très doux en cet après-midi ensoleillé.

    Se retrouver face à la maison familiale Pawelski refit monter des souvenirs de leur dernière escapade ici et ils se mirent à sourire bêtement. Il y a encore quelques jours, jamais ils n’auraient pensés se retrouver là à nouveau tous les deux. Cela les fit sourire davantage...

     

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    Toujours main dans la main, ils avancèrent tranquillement vers la bâtisse, prêts à passer ces quelques jours où la courte vie d’Ozvan serait mise à l’honneur.

    La maison n’avait pas changé depuis leur dernière visite. Tout était propre et bien rangé, grâce à la femme de ménage que Köy payait très gracieusement pour entretenir la maison pendant son absence.

    Immédiatement, le jeune homme sentit la « présence » de sa mère au fur et à mesure que Caly et lui avançaient dans le couloir. Il était déjà très heureux et épanoui, mais son retour dans sa maison natale lui donna un fort sentiment d’apaisement. Sentiment qu’il n’avait plus ressenti depuis un long moment...

     

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    Après s’être rafraîchi et changés, ils allèrent faire quelques courses histoire de remplir leur frigo pendant leur séjour mais également pour préparer la soirée en l’honneur d’Ozvan. Leur petite escapade ne passa pas inaperçue car les locaux les reconnurent immédiatement. Ils restèrent cependant très respectueux et courtois et se contentèrent de les saluer très chaleureusement. 

    Après tout, les Pawelski étaient bien connus et très respectés dans la ville. Et cela bien avant que le dernier de la lignée ne devienne une star mondialement connue. C’était sûrement l’unique ville allemande où Köy pouvait se balader sans provoquer un raz-de-marée de fans. 

    Cependant, Caly et lui savaient que dorénavant, la nouvelle sur la reprise de leur relation ne tarderait pas à faire la une des réseaux sociaux et bientôt de la presse. Ils étaient à l’aise avec ça... Et puis de toute façon, les rumeurs circulaient déjà depuis leur séjour à Paris où plusieurs clichés de leurs escapades tournaient déjà un peu partout sur le web.

    Ils en avaient déjà longuement discutés pendant leur vol et avaient décidés de ne réagir à aucuns articles ou posts Facebook/Instagram ou tweet et d’officialiser cette nouvelle selon leur terme : c'est-à-dire sur scène en interprétant la chanson qu’ils avaient composés ensemble sur la plage jacmélienne en compagnie de Dante.

    Cet événement aurait lieu lors de la dernière date de la tournée de Gen X au Hartwall Arena d’Helsinki. Date qui avait la particularité d’être le jour de leur anniversaire, en plus.

     

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    Avant de rentrer, ils passèrent rendre visite à Ozvan dans sa dernière demeure. Le cimetière était désert en ce début de crépuscule et une brise agréablement fraîche caressait leur peau et faisait virevolter leurs cheveux.

     

    - Hallo, mama... [Salut, m’man] Dit Köylen dans la langue de Goethe, tout en posant un jolie bouquet de fleur devant sa pierre tombale. - Ich vermisse dich so sehr... [Tu me manques tellement...]

     

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    Calypso resta muette et se contenta d’écouter Köylen parler à sa mère avec beaucoup d’émotion. Elle aurait tellement voulu la connaître et elle espérait du plus profond d’elle-même qu’elle réussirait à lui rendre hommage avec l’album posthume à venir.

    C’était le projet ultime de Köylen, la raison principale pour laquelle il était devenu chanteur et elle comptait bien mettre toute son énergie pour l’aider à concrétiser ce projet. Ils n’en avaient pas encore rediscuté depuis, mais elle savait bien que le sujet serait mis sur la table dans les prochains jours.

    Autant dire qu’elle avait vraiment hâte de découvrir le programme !

     

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    Elle sorti de ses songes quand elle sentit Köylen la prendre dans ses bras et déposer un baiser sur sa joue. Ils restèrent comme ça pendant plusieurs minutes, dans un silence apaisant et presque solennel. Elle se sentait aimée et protégée dans cette étreinte. Elle caressa alors affectueusement le dos du jeune homme pour lui faire ressentir la même chose. 

    Caly adorait sentir le souffle de Köylen contre son cou, mais qu’elle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle l’entendit renifler et sentit quelque chose de chaud et d’humide couler sur sa peau : il pleurait silencieusement et à chaude larme.

    Sans même se poser de questions, elle resserra son étreinte autours de son petit ami et le laissa s’abandonner à ses pleurs qui devinrent de plus en plus prononcés pendant une bonne dizaine de minutes. 

     

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    Quand il se calma, il décolla lentement son visage rougit et un peu bouffi de l’épaule de Caly et colla son front au sien, les yeux clos. Cette dernière se contenta de sécher ses larmes avec ses doigts fins et délicats.

     

    - Tu veux rentrer à la maison ? Lui demanda-t-elle alors délicatement.

     

    Le grand brun se contenta de hocher la tête lentement. Il prit la main qu’elle lui tendait et ensemble, se dirigèrent vers la voiture, toujours dans le silence. Ce mutisme n’avait rien de malaisant dans la mesure où Caly comprenait tout à fait que Köy soit dans cet état après la visite de la tombe de sa mère. La raison même de leur présence ici était suffisante pour déclencher une telle réaction chez le jeune homme.

     

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    - Et dire qu’il était tout souriant et heureux il y a quelques heures... Se dit tristement Caly en jetant un coup d'oeil vers lui.

     

    Elle remarqua qu’il avait le coude nonchalamment posée sur la portière du véhicule et semblait être en pleine réflexion pendant toute la durée du court trajet jusqu’à leur destination. Elle se délectait cependant de sa main qui était affectueusement posée sur sa cuisse et ne manqua pas de poser sa main à elle au-dessus de la sienne quand elle n’en avait pas besoin pour passer les vitesses.

     

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    Quand ils arrivèrent chez Köylen ils rangèrent les courses et ce dernier commença à préparer le repas du soir.

    Caly, qui entra dans la pièce après s’être changée vint se coller à lui et déposa un baiser sur son épaule pendant qu’il était en train de mettre le couvercle sur sa chaudière. Elle salivait rien qu’à l’odeur du plat...

     

    - On pourra discuter tout à l’heure... ? Lui demanda-t-il alors sérieusement avec une once d’appréhension en la prenant une fois encore dans ses bras.

    - Bien sûr, Köy...

     

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    Ils ne se prirent même pas la tête et s’installèrent à même la moquette pour manger devant un épisode de BoJack Horseman où Köy retrouva son sourire et se détendit davantage. Ce dernier adorait cette série animée loufoque et satirique !

     

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    Une fois la panse remplie, Caly mit leur vaisselle dans le lave-vaisselle et retourna s’installer aux côtés de Köy qui avait coupé Netflix entre temps. Elle posa deux tasses de café sur la table basse et remarqua qu’il fixait intensément un coin précis de la pièce... Presque instinctivement, elle entrelaça ses doigts avec les siens.

     

    - C’était à cet endroit que se trouvait le piano de ma mère. Lui dit-il alors, un léger sourire au visage. - Je passais des heures et des heures à jouer dessus et à l’écouter faire la même chose... Continua-t-il avant de laisser s’échapper un long soupir de sa bouche.

     

    Caly ne répondit rien, préférant se contenter de resserrer son étreinte.

     

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    - Je suis désolé d’avoir craqué tout à l’heure.

    - Ne t’excuse pas pour ça, Köy. Répondit-elle presque de manière autoritaire. - Je sais que c’est difficile pour toi et qu’elle te manque atrocement. Tu avais toutes les raisons de craquer.

    - Ce n’est pas uniquement la mort de ma mère qui m’a fait craquer... J’ai repensé à toutes les conneries que j’ai fait,  à comment j’ai fait souffrir Kristina et à comment j’ai failli te perdre définitivement, aussi... Lui avoua-t-il encore. - J’ai chialé parce que ma mère aurait eu honte de moi si elle était encore en vie et aussi parce que malgré mes agissements, je ne t’ai pas perdu. T’es quand même là avec moi et tu m’aimes toujours...

     

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    - Bébé... C’est bon, c’est du passé. Le réconforta Caly.

    - J’ai raté tellement d’événements cruciaux dans ta vie... L’obtention de ton diplôme, le mariage de ton frère, la naissance de ton neveu... Ta rencontre avec ta mère biologique. Tu vois, ce sont toutes ces choses qui me sont revenu d’un coup comme ça, quand j’étais avec maman tout à l’heure et quand je t’ai pris dans mes bras, j’ai pété les plombs.

    - On vivra d’autres moments cruciaux et tout aussi beaux... Lui dit-elle alors, alors que c’était à son tour de sentir des larmes se former au coin de ses propres yeux.

     

    Il était vrai qu’à chacun des événements cités (à part sa rencontre avec Evangelia), elle avait eu une pensée pour lui malgré la haine qu’elle ressentait pour sa personne. Au plus profond d’elle-même, elle aurait aimé qu’il soit présent... Mais cela n’avait plus d’importance pour elle à présent.

     

    ~ 331 ~

     

    - J’y compte bien... c’est d’ailleurs pour ça que j’ai réfléchi et que... Köy ne termina pas immédiatement sa phrase. Il semblait à la fois déterminé et inquiet, ce qui fit paniquer sa petite amie.

    - Et que quoi... ? Lui demanda-t-elle alors avec empressement.

    - Je vais faire le test pour savoir si j’ai le syndrome de Brugada.

     

    Caly ne dit rien mais l’expression de son visage se suffisait à lui-même. Elle était à la fois soulagée et préoccupée qu’il se soit enfin décidé à franchir le pas.

     

    - Je te rassure, je n’ai jamais senti de symptômes particulier, mais ça n’empêche pas que je flippe quand même, maintenant... Il m’était plus facile de vivre dans le déni mais je peux plus continuer comme ça, maintenant. Dit Köylen en ricanant nerveusement.

    - T’as oublié tous les cachets que tu avalais pour tes maux de tête ? Lui rappela-t-elle, la mine inquiète.

    - Tu as bien vu qu’aussitôt que l’Eurovision et la promo de l’album sont passés j’allais mieux. J’ai pas pris un seul Tylenol depuis. Répondit-il alors.

    - De ce que tu m’as dit, ta mère n’avait pas de symptômes particuliers non plus, Köy... Alors qu’est-ce qu’on fait s’il s’avère que tu es bien atteint ? Lui demanda-t-elle alors toujours aussi soucieuse.

     

    Köylen ne répondit pas tout de suite. Il semblait chercher ses mots pour lui répondre. Il soupira longuement une énième fois et lui répondit tout simplement :

     

    - J’en sais trop rien... J’en discuterai avec le médecin... J’ai conservé le numéro de celui qui a diagnostiqué ma mère post-mortem et je compte le contacter demain. J’ai vérifié et il est toujours en exercice, c’est juste qu’il a son propre cabinet, maintenant.

    -  Je t’y accompagnerai.

    - Je sais bien... et ça me rassurera de t’avoir à mes côtés.

     

    ~ 331 ~

     

    Il semblait si fragile à ce moment-là que Caly ne put s’empêcher de venir l’enlacer et le serrer fort contre elle. Machinalement, elle se mit à lui masser la nuque, sachant que ça l’apaisait beaucoup...

    En une fraction de secondes, elle se mit à penser à tous les scénarios possibles tout en essayant d’en retirer le positif.

    S’il n’était pas atteint, tant mieux, ils pourraient continuer leur petite vie tranquille.

    S’il l’était bel et bien, elle s’imaginait qu’un traitement révolutionnaire permettrait de le soigner voire de le guérir et qu’il pourrait là aussi, vivre le plus longtemps possible.

    Pas une seule fois elle ne s’imagina un scénario catastrophe où elle perdait Köylen prématurément parce que c’était pour elle totalement inconcevable, contre-nature, illogique, voire même un gros bug dans la matrice...


  • Aussitôt dit, aussitôt fait.

     

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    Après avoir passé une agréable nuit où ils explorèrent leurs corps en long et en large, dès leur réveil le lendemain matin, Köylen prit l’initiative de téléphoner le Docteur Mesut ÖZKAN pour sa prise de rendez-vous.

    Il était à la fois déterminé comme jamais et complètement flippé. D’ailleurs ses doigts  tremblèrent quand il composa chaque numéro sur son smartphone. Cependant, il s’apaisa quand il sentit Caly lui caresser le dos. 

    S’attendant à ce que le délai soit assez long pour décrocher un rendez-vous avec le cardiologue, quelle ne fut pas la surprise du jeune homme quand le docteur, qui se souvenait très bien du cas de sa défunte mère, lui proposa de venir l’après-midi même.

     

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    C’est donc ainsi que le couple se retrouva à ce moment précis dans le bureau du Docteur ÖZKAN qui, au préalable, les reçut très chaleureusement avec son équipe.

     

    - Merci de nous recevoir. Je ne pensais pas que nous aurions un rendez-vous aussi rapidement. Le remercia Köylen gentiment.

     

    Le pauvre était stressé au plus haut point mais il avait énormément de questions à lui poser en même temps !

     

    - Pour être honnête avec vous, mon équipe et moi-même ne travaillons pas le mardi après-midi, mais quand j’ai su que vous veniez et surtout pourquoi, nous avons choisi de rester ouvert pour vous accueillir exceptionnellement. Nous nous sommes dit que vous pourriez ainsi profiter de votre anonymat.

    - C’est vraiment gentil de votre part, il ne fallait pas vous déranger autant. Le remercia encore une fois le chanteur, très reconnaissant de la gentillesse du corps médical mais se sentant tout de même un peu fautif qu’ils soient encore sur leur lieu de travail alors qu’ils auraient pu vaquer à leurs occupations...

    - Nous le faisons de bon cœur... sans jeu de mot. Le rassura le cardiologue, un sourire au coin des lèvres avant de reprendre son sérieux. - Bon, venons-en donc à votre présence ici. Je voulais d’abord vous dire que je suis vraiment très heureux que vous ayez prit l’initiative de faire ce test et je suis encore plus ravi et très reconnaissant que vous ayez fait appel à moi pour cela. Je ne pensais pas que vous vous souviendriez de moi, pour être honnête. Sachez que le décès de votre mère a été l’un des cas les plus tristes dont j’ai eu à faire face et c’est ce qui m’a donné envie de me spécialiser dans la recherche et le traitement de cette pathologie.

     

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    En effet, le jeune Mesut venait tout juste de terminer ses études de médecine quand il était arrivé au centre de médecine de Kiel. Il venait de fêter ses trente-trois ans et avait hâte d’enfin pouvoir mettre son savoir à disposition et aider son prochain.

    Il avait été appelé une semaine pile après son arrivée pour assister à l’autopsie d’une jeune femme allemande qui devait bientôt fêter ses vingt-neuf ans et qui était malheureusement morte subitement alors qu’elle semblait en excellente santé.

    Quand il diagnostiqua le fameux syndrome après plusieurs jours de recherches pour être sûr qu’il ne faisait pas fausse route, il avait insisté pour être présent avec le médecin légiste quand celui-ci convoqua les proches de la défunte pour leur délivrer les résultats de l’examen médical.

    Il se souvint que deux jeunes femmes et trois petits garçons étaient présents ce jour-là. Il avait aisément deviné lequel d’entre eux était le fils de cette pauvre jeune femme. Le jeune médecin qu’il était alors avait été frappé par le regard si innocent du petit Köylen qui ne comprenait pas encore ce qui était en train de se passer et qui allait de ce fait perdre cette innocence et cette insouciance...  

    Il l’entendait encore demander sans cesse quand est-ce qu’il pourrait revoir sa maman et voyait la détresse dans le regard des jeunes femmes qui n’osaient pas lui dire la vérité, étant elle-même en état de choc... Il avait alors prit l’initiative d’occuper les enfants pendant que le médecin légiste discutait avec elles.

    Il se souvint avoir donné à Köylen le poster de Sacha Baron Cohen déguisé en Ali G qui était accroché au mur de la salle d’attente parce qu’il l’avait entendu dire au petit blond du groupe qu’il était trop fan de l’humoriste et avait bien rit quand le petit garçon se mit à imiter ce dernier.

    Il n’arrivait pas à imaginer quel déchirement cette épreuve avait dû être pour ce petit bonhomme et il s’était souvent prit à penser à lui au fil des années. Il s’était demandé comment il avait grandi et s’il était épanoui malgré tout... Et bien qu’elle ne fût pas sa surprise quand un beau jour, il le vit dans son écran télé pour la toute première fois avec son groupe de rock.

    Il se considérait comme un grand fan et admirateur de Gen X et se sentait en quelque sorte lié au leader de par cette triste histoire qu’il avait vécu dix ans en arrière.

    Il était alors extrêmement content de l’avoir face à lui en cet après-midi.

     

    ~ 332 ~

     

    - J’ai gardé le poster que vous m’aviez donné... Se contenta de répondre Köylen qui lui-même ne l’avait pas oublié non plus. Il rencontra alors un large sourire du docteur. Sourire qu’il lui rendit un peu timidement...

    - Je suppose que vous savez ce qu’est le syndrome dont était atteinte votre mère ? Lui demanda-t-il alors. 

    - Dans les grandes lignes... Je sais qu’il s’agit d’un trouble héréditaire du rythme ventriculaire qui peut mener à une mort subite et qu’il n’y a pas de traitement contre ça.

    - Oui, c’est ça, grosso modo. Acquiesça le médecin. - Ce syndrome n’a été découvert qu’en 1992. Nous en savons beaucoup plus à son sujet à l’heure où nous discutons mais cela reste à mon sens bien insuffisant. Le problème majeur étant que les personnes atteintes ne peuvent ne jamais présenter de symptômes et être victime d’une mort subite, comme cela a été le cas avec votre mère.

    - Ça veut dire qu’à l’heure actuelle, des personnes sont encore en train de mourir subitement sans savoir qu’elles ont hérité du syndrome ?

    - Malheureusement, oui. C’est pour cela que nous demandons à toutes les personnes avec un antécédent de mort subite ou de syncopes de venir se faire tester afin de trouver une solution. Je suis donc encore une fois très heureux que nous nous rencontrions à nouveau pour cela.

    - Comment va se passer le test... ?

    - Premièrement, je vais vous poser quelques questions. Connaissant une partie de vos antécédents familiaux, ça ne durera qu’une ou deux minutes. Nous allons ensuite faire un électrocardiogramme. En général, cela suffit pour déterminer si vous êtes atteint de la pathologie ou non mais pour être sûr que tout va bien, nous allons également faire un test pharmacologique. Lui expliqua le docteur Özkan.

    - Et en quoi consiste ce dernier test ? Demanda alors Köylen qui commençait de nouveau à appréhender ce qui allait se passer dans quelques minutes. Il serra la main de Caly qui était posée sur sa cuisse en attenant une réponse du scientifique. Cette dernière écoutait la discussion très attentivement et tenta tant bien que mal de rester positive sur le « sort » de son petit ami.

    - Nous allons simplement vous injecter par voie intraveineuse des anti-arythmiques et surveiller votre électrocardiogramme pendant plusieurs heures. Après cela, nous saurons définitivement si vous êtes atteint ou non.

    - Très bien...

     

    ~ 332 ~

     

    - Bien, laissez-moi juste chercher la fiche de renseignement... Dit-il en se tournant vers son ordinateur. Le couple le regarda remplir certains champs du document avant qu’il ne se tourne vers le chanteur.

    - Avez-vous déjà consommé de l’alcool et de la drogue ? Si oui, laquelle ?

    - Oui, et je consomme toujours de l’alcool. J’ai brièvement fumé quelques joints mais j’ai arrêté il y a trois ans au moins.

    - Avez-vous des origines asiatiques ?

    - Heu... du côté de ma mère, pas que je sache. Du côté de mon père, je n’en sais rien vu que je ne l’ai jamais connu. Pourquoi vous demandez ça ?

    - Tout simplement parce que ce syndrome est particulièrement présent chez les populations de l’Asie du sud-est... Répondit machinalement le docteur tout en continuant de pianoter sur l’ordinateur. - Avez-vous eu des maux de tête au cours des trente derniers jours ?

    - Oui...

    - Sur une échelle de zéro à dix, à combien placeriez-vous la douleur de ces derniers ?

    - J’sais pas... Sept-Huit... Répondit le chanteur.

    - Ces maux de têtes étaient-ils récurrents ou exceptionnels ?

    - Exceptionnels... Je traversais une grande période de stress, à ce moment-là...

     

    Le Dr Özkan posa d’autres questions auxquelles Köylen répondit le plus franchement possible pendant deux minutes avant que le praticien n’invite le couple à le suivre dans une autre pièce.

     

    ~ 332 ~

     

    Là, ils y trouvèrent deux assistants qui les accueillirent très chaleureusement et préparèrent Köylen pour son électrocardiogramme. Le docteur l’invita à s’allonger sur le fauteuil médicalisé après avoir placé les électrodes sous son t-shirt. Il resta à côté du couple pendant toute la durée du test (environs dix minutes) et regarda les données d’un regard très concentré. Son visage était totalement impassible, il était donc impossible de savoir si les résultats de l’ECG étaient positifs ou non.

     

    - Bien. Dit-il après avoir enlevé les électrodes du torse du jeune homme pour les remplacer par deux autres qu’il plaça à des endroits différents, toujours sur son torse. - L’ECG n’a montré aucune anomalie. Nous allons maintenant procéder au test pharmacologique. Etant donné que ce test durera quelques heures, nous nous sommes permis de mettre une télévision à votre disposition. Monsieur Pawelski, veillez à rester le plus tranquille possible. Je passerai vous voir toutes les demi-heures mais si vous avez besoin de moi avant, appuyez sur le petit bouton rouge au-dessus de vous.

    - Compris. Répondit le chanteur alors qu’un assistant était en train de mettre l’intraveineuse en place.

     

    ~ 332 ~

     

    Quand tout le monde quitta la pièce pour laisser le couple tranquille, Caly déplaça son fauteuil pour se rapprocher de Köy. Elle lui caressa la joue avec le dos de sa main tout en le regardant avec un regard des plus tendres.

     

    - Ça va ? Lui demanda-t-elle

    - J’crois que c’est l’une des choses les plus effrayantes qui m’arrive, là... Lui répondit-il en riant nerveusement. - S’il s’avère que mon test est positif, ma hantise serait de laisser ce monde subitement sans avoir sorti l’album de ma mère... Dit-il ensuite avec franchise et une certaine tristesse.

     

    Les yeux de Calypso s’embuèrent de larmes mais elle se contrôla pour les empêcher de rouler sur ses joues.

     

    - Depuis le temps, il se peut que les chercheurs aient trouvé une façon efficace de vivre longtemps et confortablement avec la maladie. Ne pense pas au négatif... 

    - Le docteur ne nous en a pas parlé tout à l’heure. Lui fit remarquer Köylen.

    - Il attend sûrement les résultats pour aller plus loin, si besoin.

    - T’as sûrement raison... Répondit-il alors, avant de lâcher un énième soupir. - Mais promets-moi que s’il m’arrive quelque chose avant que je finisse les albums de ma mère, tu reprendras le relais.

     

    ~ 332 ~

     

    - Köy, j’aime vraiment pas la tournure que prend cette conversation.

    - Moi non plus. Rétorqua-t-il sérieusement. - Mais c’est important...

    - Je le sais bien et rien que de t’imaginer connaître le même destin que ta mère me glace le sang... C’est quelque chose que j’ai du mal à concevoir, et ça même si ton test s’avère être positif. Lui expliqua-t-elle sincèrement. - Mais bref... Oui, je te le promets. Je continuerai ton œuvre...

     

    Köy avait envie de l’embrasser à pleine bouche mais il était entravé par l’intraveineuse. Alors il se contenta de serrer sa main et de la regarder avec amour. Il lui montrerai l'étendue de ses sentiments plus tard...

     

    - Je t’aime...

    - Je t’aime aussi. Lui répondit-elle avec la même intensité. - Bon, maintenant que cette conversation glauque est terminée, et si on Bingewatchait Breaking Bad pour passer le temps ? Lui proposa-t-elle ensuite en s’emparant de la télécommande pour allumer la télé et mettre Netflix.

     

    ~ 332 ~

     

    Ils passèrent donc trois heures et demie à suivre les aventures de Walter White et Jesse Pinkman non sans bien rigoler. Pendant ce lapse de temps, ils purent oublier où ils étaient et pourquoi. Et cela même lorsque le Dr Özkan venait vérifier les données toutes les trente minutes comme il l’avait dit.

    Après avoir terminé le dernier épisode de la saison 3 de la série, le Docteur vint pour la dernière fois dans la salle pour annoncer la fin du test. Alors que Caly se déconnectait de son compte Netflix et éteignait la télévision, le docteur retira l’intraveineuse du bras de Köylen ainsi que les électrodes de son torse.

    Le chanteur essaya encore une fois de lire l’expression du visage du médecin, sans grand succès. Cela avait le don de le faire stresser parce qu’il ne savait pas à quelle sauce il allait être mangé. Il détestait lorsque les médecins faisaient ça... !

     

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    Une fois libéré de ses entraves, le docteur les invita à nouveau dans son bureau. Köy attrapa la main que lui tendait Caly et ensemble, ils sortir de la salle d’examen.

     

    - Bon. Commença le médecin après avoir imprimé une grosse pile de feuilles. - Monsieur Pawelski, vous n’êtes pas atteint du syndrome de Brugada. Nous n’avons trouvé aucune anomalie lors du test. Tout va bien.

     

    Köylen, laissa exploser sa joie et relâcha tous ses nerfs en pleurant à chaude larmes, Caly l’imita, bien évidemment. Le docteur regarda la scène avec un grand sourire, lui aussi soulagé d’avoir à annoncer une bonne nouvelle à ce jeune homme.

    - Merci pour tout, monsieur... Dit Köylen une fois calmé, les yeux et les joues encore un peu rougies et bouffies.

    - Je vous en prie. Profitez de votre vie à fond ! Et si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas.

     

    ~ 332 ~

     

    - Justement, je me demandais... si le diagnostic avait été positif, il se serait passé quoi après ?

    - Tout à l’heure vous me disiez qu’il n’y avait pas de traitement à ce syndrome. Cela était vrai à l’époque, mais nous avons trouvé une solution même si les recherches continuent pour trouver en trouver une moins évasive... Comme vous le savez, ce syndrome est lié à une altération électrique du cœur, ce qui favorise les arythmies. Comme ce sont des désordres purement électriques qui ne sont absolument pas liées à une anomalie structurelle du cœur, nous vous aurions proposé l’implantation d’un défibrillateur cardiaque.

    - Un pacemaker... ? Voulu clarifier le chanteur qui n’arrivait pas à croire qu’il aurait pu bénéficier d’un tel dispositif à bientôt vingt et un ans.

    - Ils sont de la même famille, on va dire... La différence ici étant que le défibrillateur va détecter et traiter les troubles du rythme ventriculaire en envoyant un choc électrique dans votre ventricule, vous évitant donc la mort subite.

     

    Köylen libera un très long soupir. Si cela avait pu lui permettre de vivre plus longtemps... il aurait fait cette implantation sans hésiter une seule seconde.

    Il se détendit davantage, rien qu’à l’idée de se dire qu’il lui restait encore du temps sur ce petit globe et qu’il aurait la chance de mener ses projets de vie à bien et d’avoir une vie longue et heureuse avec ses amis et sa famille sans avoir la peur qu’il ne se réveille pas le lendemain.

    Ils discutèrent davantage pendant une dizaine de minutes avant que le couple décide de prendre congé. Il était déjà dix-neuf heures et ils estimaient avoir déjà profité de l’hospitalité du docteur et de ses assistants.

     

    ~ 332 ~

     

    - J’aurais une petite requête. Demanda le docteur aux jeunes finlandais.

    - Vous pouvez nous demander ce que vous voulez, franchement. Répondit Köylen qui se sentait léger, tellement il était heureux.

    - Serait-il possible de faire une photo avec vous ? Et est-ce que vous pourriez aussi faire un petit coucou à mes filles en vidéo ? Elles sont vos plus grandes fans... C’est un peu à cause de moi, je dois l’avouer.

    - Avec grand plaisir ! Acceptèrent-ils.

     

    Une fois ce service rendu, ils se séparèrent. Le docteur fit savoir à Köylen qu’il pouvait le contacter quand bon lui semblait pour lui poser n’importe quelle question. Le leader le remercia une dernière fois pour tout et avec Caly, ils se dirigèrent vers le parking, le pas léger.

     

    ~ 332 ~

     

    Arrivée devant leur voiture, Caly enlaça Köylen de toutes ses forces, contente que toutes ses peurs concernant leur futur se soient atténuées.

     

    - Bon... bah je suppose que je vais pouvoir sortir ces albums, sans trop d’inquiétude, maintenant ! Dit le grand brun un sourire au coin des lèvres.

    - On dirait bien ! Acquiesça Caly.

    - Merci d’avoir été là avec moi...  La remercia-t-il en la regardant amoureusement. - Bon, maintenant j’ai besoin de fêter le fait que je ne risque pas clamser prématurément et j’ai besoin de certaines parties de ton corps pour ça...

     

    ~ 332 ~

     

    - Y a rien qui va dans ta phrase, mais je suis partante ! S’exclama Caly en prenant place au volant avant que Köylen ne la rejoigne sur le siège d’à côté, un énorme sourire au visage.

     

    Ils pouvaient à présent s’aimer et être heureux sans craindre l’avenir.


  • 2 jours plus tard.

     

    Le couple passa les deux derniers jours à tout mettre en ordre pour la soirée dédiée à Ozvan. Ils déplacèrent les meubles du salon pour faire plus de place, y installèrent un piano qui dormait depuis un bail dans le garage et installèrent de nouvelles lumières d’ambiance.

    Leurs amis arriveraient dans deux jours et bien qu’ils aient bien avancés dans les préparatifs, il leur restait encore quelques pièces à ranger et réarranger ainsi que des courses supplémentaires à faire.

    Entre temps, ils reçurent des nouvelles de Seb et Maya qui vivaient leur meilleure vie sur l’île hollandaise et ne purent s’empêcher de rire face aux photos que les jeunes mariés leur envoyaient.

    Köylen avait loué le studio d’enregistrement où sa mère enregistrait ses tubes eurodance le temps d’une journée afin d’enregistrer la chanson qu’il lui avait dédié.

    Il avait déjà envoyé les partitions à ses comparses pour qu’ils puissent s’entraîner pour le jour J. Il avait vraiment hâte d’entendre le projet fini.

     

    ~ 333 ~

     

    Ce jour-là, il était de bon matin et alors que Caly était encore dans les bras de Morphée, il se trouvait dans l’un des couloirs de sa maison. Face à une porte. C’était la chambre de sa mère, une pièce où il n’avait pas mis les pieds durant des années. Il savait que la pièce était propre et rangée, puisque la femme de ménage avait nettoyé toutes les pièces en son absence, y compris celle-ci...

    Seulement, il n’avait pas touché à une seule affaire de cette pièce. Tout y était identique (sauf les draps) depuis le décès de sa mère et aujourd’hui, il se sentait enfin assez courageux pour vider les placards et tiroirs. Il avait un tas de cartons à ses côtés afin de mener à bien sa mission. Il soupira lentement, la main toujours autours de la poignée et ouvrit enfin la porte de la pièce.

     

    ~ 333 ~

     

    Un élan de nostalgie le frappa en pleine figure. Il se souvint combien de fois il avait squatté dans ce lit en pleine nuit parce qu’il avait fait un cauchemar ou qu’il avait cru apercevoir et/ou entendu un monstre sous son lit.

    Il prit le temps de faire le tour de la petite pièce et regarda chaque objet comme pour se rappeler comment tout était agencé avant qu’il n’enlève tout. En regardant la coiffeuse, il remarqua qu’il y avait encore ses produits de beauté et ses bijoux. En ouvrant sa boîte à bijoux, il tomba sur le collier préféré de sa mère : il s’agissait d’un dragon en émeraude de Zambie. Il se souvint qu’il avait une très grande valeur sentimentale pour elle puisqu’il lui avait été offert par sa grand-mère avant que celle-ci ne décède.

    Köylen reposa l’objet précieux à sa place et mit tous les bijoux et maquillages qui n’étaient pas périmés en évidence. Il repartirait avec ces objets.

    Il posa son JBL sur la petite table de la coiffeuse et lança une playlist qu’il avait créé avec les chansons préférées de sa mère. Le premier titre qui retenti était une jolie balade qui avait la particularité d’être la première chanson que sa mère lui avait appris à jouer au piano et à chanter.

    Köylen commença donc par vider les tiroirs de la pièce en prenant le temps de regarder chaque vêtement, tout en chantant en même temps et en se rappelant le bon vieux temps quand sa mère et lui chantaient cette chanson...