Le lendemain avant de partir pour le studio d'enregistrement, Sebastian cherchait son ami partout dans la maison afin de lui communiquer un information importante: ils venaient de finir d'enregistrer la démo de leur premier single ainsi que l'instrumental d'un titre et il était important qu'il les écoute pour savoir s'il devait y avoir quelconque changements. Cependant il ne le trouvait pas, il n'était ni dans sa chambre, ni dans sa salle de bain, ni dans aucune autre pièce de la villa. Il commença à s'inquiéter. 

 

 

- Tu fais quoi ? Lui demanda Korben qui venait de sortir de sa chambre.

- Tu n'aurais pas vu Köylen par hasard ?

- Bah non.

- P'tain ça craint, j'ai cherché dans toute la villa et je ne l'ai pas trouvé !

- Tu es sûr que tu as regardé partout ?

- Ouais !

- Même dans la chambre de Caly ?

 

 

Le faux brun suréleva un sourcil, signe de son incompréhension.

- Qu'est ce qu'il irait faire dans sa chambre ?!

- Bah je sais pas, je dis ça comme ça, moi ! Haussa les épaules le guitariste.

- J'irai bien vérifier mais ça se fait pas de rentrer comme ça.

- C'est pour Propane Nightmares et Watercolour que tu le cherches ?

 

 

- Ouais j'ai oublié de lui filer l'USB hier... Dit-il en se dirigeant vers la chambre de l'adolescente.

- Je pensais que "ça ne se faisait pas de rentrer comme ça" ! Cita Korben d'un air amusé en suivant le batteur.

- La porte est entre-ouverte... J'avais pas remarqué en sortant de la chambre de Köy... Chuchota son interlocuteur .

 

 

Il regarda donc dans l'entre-ouverture de la porte et un sourire se dessina instantanément sur ses lèvres. Korben, croyant deviner la raison de l'expression du visage de son ami lança un petite boutade.

 

 

- Laisse moi deviner, ils sont allongés l'un sur l'autre totalement à poils, exténués par leur nuit torride de la veille!

- Regarde par toi-même !

- Me dit pas que j'ai vu juste ! ! S'exclama-t-il en riant discrètement tout en prenant la place de son ami batteur.

- Haha ! Rit-il tout bas. - Ils sont mignons ! 

 

 

Calypso et Köylen étaient toujours endormis l'un à côté de l'autre. Un petit sourire était dessiné sur leurs visages, ils semblaient être très loin !

- Il y a un mois, Köylen était méga chiant avec elle maintenant il va jusqu'à squatter dans son plumard ! Plaisanta le batteur. - Bon, laissons les ronfler ! J'vais poser l'USB en bas avec un p'tit mot et on peut décamper ! Jan et Torsten doivent nous attendre en plus !

 

 

Une heure plus tard, Köylen ouvrit les yeux et remarqua rapidement qu'il n'était pas dans sa chambre. Il mit à peu près trente secondes avant de reconnaître la chambre d'amis et de sentir une présence dans le lit. Le jeune chanteur se remémora alors sa nuit devant Robot Chicken avec Calypso et constata rapidement qu'ils s'étaient endormis comme des masses. Il se souvint qu'elle avait été la première à s'assoupir, il avait alors décidé de retourner dans sa chambre une fois l'épisode fini mais il constata rapidement qu'il avait, lui aussi, fini par finir dans les bras de Morphée.

 

 

Il regarda la jeune fille qui dormait toujours et se sentit un peu mal à l'aise. Sentiment qu'il ne comprenait pas dans la mesure où ce n'était pas la première fois qu'il dormait aux côtés d'une fille... Il l'observa dormir paisiblement en s'attardant sur les traits de son petit visage.

 

 

C'était peut être la première fois qu'il la regardait ainsi, il la trouvait vraiment très jolie: son petit nez, sa bouche pulpeuse et ses grands yeux marrons (bien qu'ils étaient clos à ce moment là) étaient si agréables à regarder, sans parler de son petit corps d'adolescente, pas encore totalement arrivé à maturité qui commençait à lui faire de l'effet malgré lui...

 

 

Le grand brun secoua sa tête pour faire sortir ces pensées son esprit ! Voilà qu'il commençait à fantasmer sur Caly ! Il ne manquait plus que ça. Il n'était pas question qu'il envisage quoi que ce soit avec elle. Elle était désormais son amie et il la respectait trop pour se lancer dans une relation avec elle... Il se jugeait encore un peu trop instable avec les femmes, il n'était pas du tout prêt à sortir avec qui que ce soit, puis ils étaient bien comme ça, en tant qu'amis.

 

 

Il se leva en douceur et se dirigea vers sa propre salle de bain afin de prendre une bonne douche froide. Le pauvre était victime d'un phénomène naturel chez l'homme: la tumescence pénienne, en d'autres mots, l'érection matinale. Il détestait se retrouver dans un état pareil, surtout en ce moment ! Il fit alors le chemin jusque sa salle d'eau, les mains sur son entrejambe afin d'apaiser son mal.

 

Au même moment, dans les couloirs de l'académie Sibelius, Sledge attendait Zupprika qui était partie prendre des places pour la soirée étudiante qui aurait lieu dans un peu plus d'un mois. Le jeune châtain était plutôt inquiet ces temps ci. En effet, il s'inquiétait pour Caly qu'il savait malade et qu'il allait voir juste après les cours en compagnie de sa copine.

 

 

Quelques mètres plus loin, il était discrètement épié par Helga.

- Bon... J'y vais... Murmura-t-elle en rassemblant ses forces. 

 

 

Elle se dirigea donc vers le châtain avec un air naturel et le salua gentiment. Ils commencèrent à discuter de tout et de rien pendant quelques minutes. Helga était vraiment très contente d'elle, elle réussissait à lui parler sans bafouiller et rougir ! Elle était fière.

- Tu vas à la soirée étudiante ? Demanda alors le châtain.

- Je ne sais pas... et toi ?

- Oui, Zupp est partie nous prendre des places, je l'attends là.

- Ah... D'accord. Se contenta de répondre la rousse. - Oulalah, je vais être en retard ! S'exclama-t-elle soudainement en regardant l'heure. - Wilmer voulait absolument me voir avant que je m'en aille et son bureau est à l'autre bout de l'établissement ! Je te laisse ! À la prochaine, Sledge ! 

 

 

Elle se dépêcha de se rendre vers la sortie de l'établissement sans oublier de faire tomber délibérément l'un de ses livres.

- En espérant que ça marche... Songea-t-elle alors qu'elle entendait Sledge l'interpeller.

 

 

- Hey Helga, t'as fait tomber ton bouquin ! S'exclama-t-il. Mais elle passait déjà le pas de la porte de l'académie.

 

 

Le jeune homme ramassa le bouquin et l'ajouta à sa propre pile sans un mot, mais il semblait réfléchir... Zupprika arriva à ce moment là et voyant que son petit ami était dans ses pensées elle lui demanda:

- Tout va bien ?

- Hm... mouais... Sauf que Helga me prend un peu pour un imbécile.

- Comment ça ? Elle était là ?! Questionna la blonde en fronçant les sourcils.

- Elle vient de me faire le coup du ramassage ! La veille technique de drague quoi ! S'exclama-t-il, exaspéré et amusé en même temps.

- Peut être qu'elle l'a vraiment fait tomber sans faire exprès...  Défendit tout de même Zupprika, ne voulant pas lui montrer sa haine envers la rouquine.

- Je lui ai fait remarqué figures toi et elle a fait comme si elle ne m'avait pas entendue ! Elle était même pas encore sortie du couloir alors il est impossible qu'elle ne m'ait pas entendu !

La grande blonde ne lui répondit pas, elle était très désappointée. Helga semblait n'avoir pas prise en compte ses avertissements et continuait de tourner autours de son copain. Ce dernier, remarquant son mal être, l'a prit tendrement dans ses bras. 

 

 

- Tu vas faire quoi avec ce bouquin ? Lui demanda-t-elle.

- Lui rendre, tout simplement.

- Elle te drague et tu t'en balance ? S'exclama-t-elle.

- Ça fait un petit moment qu'elle a des vues sur moi et ce n'est pas sa première approche. Avoua le châtain. - Ce n'est pas parce que je ne réagit pas que je m'en fiche, mais je sais que c'est Tea qui la manipule, qui lui donne des idées de techniques d'approches et qui l'encourage à continuer de me mettre le grappin dessus même si toi et moi on est ensemble aujourd'hui...

- Et bien dis lui tout simplement que tu n'es pas intéressé ! J'en peux plus moi de la voir te tourner autours comme ça ! Et puis comment tu as deviné que c'est Tea qui la manipule ?

- La robe qu'Helga portait à ma soirée était la sienne. Elle l'avait déjà mise... J'ai compris pas mal de chose à cette soirée tu sais... Dit-il en dévorant Zupprika des yeux. - Puis c'est Elios m'a dit qu'il la voyait souvent en sa compagnie dans la résidence. Mais dis moi, tu lui a dis quoi la dernière fois dans les toilettes des filles au fait ? Lui demanda-t-il ensuite en rapprochant son visage souriant du sien. Elle lui expliqua alors ce qu'il s'était passé pendant ce court instant avec la grande rousse. Sledge se mit à sourire encore plus et déposa un bref baiser sur les lèvres de sa petite amie.

- C'est trop mignon ! Ne t'en fais pas ma puce, tu n'as pas de souci à te faire. Je vais lui parler et si elle ne comprend toujours pas et bien tant pis pour elle ! En tout cas sache que c'est avec toi que j'ai envie d'être, alors désormais, ne pense plus à elle, ne pense qu'à nous.

 

 

Zupprika était vraiment heureuse d'entendre ces mots. Sledge, quand à lui, réfléchissait à ce qu'il dirait à Helga pour qu'elle arrête de lui courir après, sans la froisser. Il fallait qu'il lui montre qu'il n'y aurait jamais rien entre eux qui dépasse le stade de l'amitié... Il appréciait la grande rousse donc il espérait qu'elle comprendrait. Autrement, tant pis, il la rayerai de sa vie. 

Deux heures plus tard, à Vantaa.

Caly avait très bien dormi cette nuit et elle se sentait un peu mieux. Elle n'était pas prête pour courir un marathon mais elle respirait normalement et  se sentait moins nauséeuse. Après s'être lavée et habillée elle avait décidée de se rendre discrètement au bureau où elle travaillait. Discrètement parce qu'elle ne voulait pas se faire repérer par Köylen, elle avait déjà tenté d'y aller pour continuer son travail mais le grand brun le lui avait formellement interdit, lui rabâchant sans cesse qu'elle devait se reposer. 

 

 

Mais c'était plus fort qu'elle, il fallait qu'elle surveille les festivals intéressants d'Outre-Atlantique et ce jour là, elle tomba sur une offre assez intéressante ! Le SummerStage qui avait d'habitude lieu au Central Park de New York se déplaçait cette année en Floride, à Jacksonville plus particulièrement. Ce festival avait lieu en été en général mais les organisateurs souhaitaient qu'il ait lieu plus tôt et étant donné que le climat New Yorkais ne leur permettait pas un tel évènement (ils étaient en hiver tout de même), le festival se déplaçait dans un Etat au climat tropical !

 

 

Alors qu'elle lisait les conditions pour une candidature éventuelle, elle entendit quelqu'un entrer dans le bureau. La jeune fille soupira avant de faire un grand et large sourire innocent au chanteur qui entrait dans la pièce...

- Pas la peine, ça marche pas ! Dit-il en faisant semblant d'être énervé.

- Tu ferais mieux de créer une setlist avec les autres, je suis sur un coup ! Annonça Calypso en retournant à son affaire.

- La prochaine fois je fermerai à clé ! On t'as dit de te reposer ! Continua tout de même Köylen en se dirigeant vers elle. - Bon, tu as trouvé quoi ? Demanda-t-il ensuite.

- Le prochain festival que vous ferez, si vous ça vous branche ! C'est un festival New-Yorkais qui se déplace en Floride. C'est dans trois semaines et on a seulement cinq jours pour s'inscrire, donc il faut vite décider si vous voulez y participer ou pas et ensuite créer une setlist qu'on leur enverra avec les démos de façon à ce qu'ils voient ce que vous faites. Ils nous enverront ensuite un mail de confirmation ou de rejet, suivant ce qu'ils auront pensé de votre travail. Expliqua l'adolescente.

 

 

- Ça paraît super intéressant, mais je suis assez réticent à leur envoyer nos démos... Je suis un peu parano, j'ai peur qu'ils nous les piquent !

- Si ça t'inquiète tant que ça, on leur enverra seulement le premier couplet et le refrain de chaque chansons et voilà... Puis vos titres sont automatiquement Copyrightés donc pas besoin de t'inquiéter !

- D'accord. Il leur en faut combien ? S'informa alors le chanteur.

-  Heu... alors attends je vais te dire ça... Dit Calypso en relisant les conditions. - Alors, il leur faut trois titres. Deux que vous jouerez et un en bonus si le public vous réclame un titre supplémentaire, comme à Woodstock ! C'est peut être le moment de jouer Propane Nightmares, tu crois pas ? 

- Non, j'aimerais que ce titre soit découvert en tant que premier single et premier clip. Puis la version que j'ai enregistré, je ne suis pas sûr de la garder, il va falloir modifier quelques trucs. J'ai déjà une petite idée de ce que va donner la setlist, on verra ça avec les gars tout à l'heure. 

 

 

- Ça marche, en parlant de ça, il faut aussi commencer à réfléchir à un scénario pour le clip de Propane Nightmares même si vous travaillez encore dessus. Comme ça, dès que c'est prêt, on passe direct au tournage et on peut déjà envisager de le sortir ici, histoire de voir comment ça se passe à un niveau national, pour voir si il y a des choses à changer ou non. Si ça se passe bien, on le sort dans toute l'Europe et l'Asie, et si ça marche partout, on fait une putain de promo pour enfin le sortir en Amérique ! Et ensuite vous pouvez sortir l'album internationalement ! !

 

 

Köylen plongea son regard dans celui de Calypso en souriant largement. Ce geste déstabilisa un peu cette dernière qui afficha désormais une moue boudeuse.

- Je vais trop vite c'est ça... ?

 

 

- Non, t'es parfaite... Enfin tout est parfait dans ton plan. Les gars vont surement approuver. Se rattrapa-t-il tant bien que mal en voyant le visage de la jeune fille rougir instantanément. Ces mots étaient sorti sans qu'il ne le veuille, il se claqua mentalement, il pensait et disait des choses vraiment bizarres ces jours ci. - Bon, on verra ça avec les autres tout à l'heure, en attendant, j'aimerais te faire écouter les démos de Propane Nightmares justement et de Watercolour, Seb me les a laissé dans le salon ce matin. Tu viens ? Proposa-t-il ensuite en se dirigeant déjà vers la pièce.

- Heu... Ok ! 

 

 

La jeune fille le suivit, encore toute gênée. Bien qu'ils s'entendaient extrêmement bien à présent, c'était la toute première fois qu'il la regardait ainsi, avec un tel sourire et surtout qu'il lui faisait un compliment de ce genre. La pauvre était toute chamboulée pour si peu... De plus, elle allait entrer pour la toute première fois dans sa chambre, la seule pièce de la villa qu'elle n'avait pas encore vu. Elle savait que Köylen était quelqu'un qui tenait énormément à son intimité et il n'était pas fréquent d'y trouver les membres du groupe. Alors c'était tout de même une sorte d'honneur pour elle de pouvoir y pénétrer, cela n'était qu'une preuve de plus qu'il l'appréciait.

 

 

- Installe-toi, je vais lancer la musique. Dit-t-il en se dirigeant vers son ordinateur. 

 

 

Caly s'installa donc sur son grand sofa confortable, sans un mot et jeta un coup d'œil rapide à la pièce. C'était une chambre  assez spacieuse, très  accueillante et où trônait dans un coin de la pièce le même magnifique piano blanc que dans le salon.
Quelque secondes plus tard, elle sentit Köylen s'installer auprès d'elle.

- A la base, je voulais que Watercolour sorte en premier single mais quand j'ai finalement écrit Propane Nightmares, j'ai carrément changé d'avis. Lui expliqua-t-il.

- C'est vrai que Propane pète vraiment plus, tant au niveau des paroles qu'au niveau de la musique.

- Oui mais on va devoir le retravailler, c'est pas tout à fait ce qu'on cherche. On aimerait bien que ça soit progressif, que la musique commence lentement, doucement et que ça explose d'un coup ! On veut surprendre ceux qui écouteront ce titre, qu'au début ils se disent "ouais ok... c'est un groupe de rock quelconque, sans particularité" et que quelques secondes après ils se disent "wouaaah je m'attendais pas à ça, c'est trop bien" ou "putain ça pu la merde!"

Calypso rit face à l'imitation du chanteur.

- Ça passera ou ça cassera... Conclu-t-il.

- Ça passera Köylen... Vu tout ce que vous faites pour, il n'y a pas de raison que votre travail ne soit pas récompensé. Au pire, si ça ne marche vraiment pas, vous aurez toujours du succès sur les quatre autre continents !  Ils ne sauront pas ce qu'ils ratent ces américains ! Eux ils ont Justin Bieber, Jonas Brothers et Paris Hilton et nous on a Nightwish, Sonata Arctica et Generation X ! Et on n'échangera ça pour rien au monde !  Ce sera tant pis pour eux ! Haha ! Plaisanta l'adolescente.

- Si on conquiert ce continent, ils iront très vite aux oubliettes ces "artistes", on fera tout pour ! S'amusa le grand brun.

- Pour en revenir à Propane Nightmares, cette version n'est pas mal, vous devriez la sortir en tant que B-side quand le single sortira.

- Oui c'est une bonne idée ! Approuva le brun. - Pour l'instant, il faut retravailler ça le plus vite possible. Il faut que je prenne soin de ma voix d'abord et j'ai trop mal à la gorge pour le moment, je ne peux plus rien chanter.

- Ca va aller dans les jours à venir, tu verras. Le rassura l'adolescente. 

 

 

Ils ne parlèrent plus pendant une petite minute, écoutant ce morceau énergique qu'était cette démo et ils se perdirent par la même occasion dans leurs pensées...

Köylen, lui, pensait à ce que donnerait l'album de son groupe une fois terminé. Il avait hâte de débarquer en Amérique ! Il s'imaginait déjà remplir de grandes salles de vingt milles places comme le Staples Center ou le Hollywood Bowl, deux gigantesques salles de Los Angeles. Il s'imaginait devant une immense foule, en train de chanter avec ses buddies. Il imaginait leur tout premier show là-bas, en tant que Generation X, le groupe de Rock tout droit venu de Scandinavie ! Il voyait cette immense foule sauter partout, hurler leur joie, chanter leurs chansons à tue tête, même celles en finnois, leur lancer des projectiles tels que des peluches ou des sous vêtements comme à Woodstock, certains porteraient des T-Shirt avec leur tronche dessus, d'autres s'inscriraient le nom du groupe sur leur visage... Les plus déjantés tenteraient même de monter sur scène mais seraient vite interceptés par les gardes du corps veillant à leur sécurité !

En fait, ils se comporteraient comme tous leurs autres fans européens ou asiatiques... Le chanteur se mit à sourire bêtement. Cela lui rappelait le temps où il rêvait de percer avec ses amis, avant qu'ils soient connu. Il s'imaginait les mêmes choses et ces rêves avaient tous fini par devenir réalités. Il se souvint de la conception de leur tout premier album, ils s'y étaient donnés corps et âmes, ne dormait pas pendant plusieurs jours parfois -Köylen avait d'ailleurs fait un malaise tellement il était épuisé- et en définitive, cet album entra directement dans le top 3 des disques les mieux vendus en Finlande la semaine qui suivit sa sortie et squatta par la suite la première place des charts pendant de nombreuses semaines.

Leur vie avaient radicalement changée en peu de temps: ils vivaient à présent de leur passion et ils vendaient leur musique presque partout dans le monde. Ils ne leur restait plus qu'à atteindre leur nouvel objectif pour être connu dans le monde entier. Köylen était heureux, sa mère serait extrêmement fière de lui.  

 

Caly, elle, pensait aussi à son propre groupe. Depuis l'arrivée de Mina, ils devenaient plus productifs ! En un mois, ils avaient déjà réalisés une maquette de leur travail et participé à plusieurs petits festivals où ils avaient bien évidemment mis le feu sur la scène.

La jeune fille se souvint d'une soirée où ils reçurent des plaintes de la part de l'un des organisateurs du festival auquel ils avaient participé: il regrettait de les avoir fait passer en premier car ils avaient littéralement volé la vedette du groupe en tête d'affiche, ce qui faisait qu'une grande partie du public s'était évaporée, ne trouvant sans doute pas leur dynamisme, leur joie et leur énergie chez ce groupe de pop expérimental finlandais composé de trois filles nommé: Le corps mince de Françoise, pourtant très bien connu dans le pays et dans l'Europe entière. C'était tout de même flatteur ! Ils étaient des musiciens amateurs et ils faisaient plus vibrer le public que des pros, des musiciennes qui avaient beaucoup plus d'expérience qu'eux.

Les Gen X, surtout Köylen, Korben et Sebastian avaient participé à chaque représentations et leurs avaient donnés plusieurs conseils pour parfaire leur prestance scénique ! De plus, depuis que tout allait beaucoup mieux entre elle et Köylen, tout lui semblait plus facile, elle pouvait donner tout ce qu'elle avait sur scène sans avoir peur de croiser son regard qui autrefois, reflétait tout le mépris qu'il avait pour sa personne. C'était un regard joyeux et des encouragements qu'elle voyait désormais dans cette foule, et même lorsqu'ils se retrouvaient ensemble. 

 

 

Lorsqu'elle tourna son visage vers lui, elle le trouva en train de la regarder, tout souriant. Elle rougit illico, elle avait surement du se retrouver à sourire niaisement en se ressassant l'évolution de son groupe.

- A quoi tu pensais pour sourire comme ça ? L'interrogea-t-il.

- A mon groupe, à notre évolution, aux festivals qu'on a fait... tout ça quoi...

- Pourquoi avoir baptisé votre groupe Amaranth au juste ? C'est une plante il me semble, qu'est ce que ça symbolise ? Köylen était d'humeur curieuse aujourd'hui et il voulait profiter de ce moment pour connaître davantage son interlocutrice.

- Ça symbolise l'immortalité. L'Amarante est une plante qui a la particularité de ne pas faner et on veut être un groupe qui ne s'éteindra jamais, qui restera dans les anales... tout comme vous. Avoua l'adolescente.

- Dois-je comprendre que j'ai actuellement à mes côtés, ma futur concurrente ? S'amusa Köylen, bien que cette question était des plus sérieuse.

- Si on perce, il y a des chances oui ! Rit-elle.

- Je sais que vous réussirez. Je ne vous donne même pas un an pour enfin sortir votre premier album studio. Vous avez trop de potentiel pour continuer de jouer en tant qu'amateurs, ce que vous êtes loin d'être d'ailleurs. Dit-il sincèrement. - Sinon, quel est la dernière chanson que tu as écrite dernièrement ? 

 

 

Calypso hésita avant de répondre.

- Une chanson que j'ai intitulé Wo bist du...  C'est l'histoire d'une fille dont la mère l'a abandonnée elle et son père, sans même donner une quelconque explication . Elle se demande même si elle-même n'est pas la raison de sa fuite, elle aimerait savoir pourquoi elle a agit ainsi, ce qu'elle pourrait faire pour qu'elle puisse enfin revenir... 

 

 

Köylen continua de l'observer et lui demanda avec une certaine douceur:

- Pourquoi en allemand... ? Tu es la seule à bien maîtriser et comprendre cette langue dans ton groupe, enfin j'ai cru comprendre que ton frère avait quelques notions mais quel serait l'intérêt de travailler une chanson que tes comparses ne comprennent pas aussi bien que toi ?

- Ce n'est pas une chanson destinée à être jouée avec le groupe... Répondit Calypso en restant vague et en fixant un point invisible en face d'elle.

- Elle a un rapport avec toi c'est ça... ? Continua-t-il sur le même ton. Il eut confirmation lorsqu'il l'a vit se braquer et détourner son regard sombre vers un autre point invisible de la pièce. - Tu parles de tes parents biologiques qui t'ont abandonnée... Le père dans la chanson n'est là que pour cacher une partie de la véritable histoire. Tu y exprimes ton envie de comprendre pourquoi ils ont agit ainsi... et que tu as envie de les connaître... c'est ça ?

Calypso plongea son regard dans celui du chanteur et lui dit avec tristesse.

- J'ai honte d'avoir écrite des paroles là-dessus. Puis je n'ai pas envie de t'emmerder avec mes histoires.

- Tu ne m'emmerde pas, sache le. Et tu n'as pas à avoir honte de cette chanson...

 

 

- Si ! Je suis élevée par des gens extraordinaires qui me permettent de réaliser mes rêves; qui me transmettent  des valeurs; qui n'ont jamais fait de distinction entre Sledge et moi; qui me chérissent comme leur propre enfant et moi j'écris une chanson sur les personnes qui m'ont laissée tomber pour je ne sais quel raison... Pourtant c'est plus fort que moi, j'ai besoin de savoir pourquoi j'ai été abandonnée. C'est une impression bizarre, j'ai beau avoir une vie de rêve, j'ai l'impression qu'il me manque une partie de mon identité ! Par exemple, un truc tout bête: lorsqu'on me demande de quelle origine je suis, je ne sais même pas répondre ! D'accord, je suis née en Angleterre, mais il suffit de me voir pour constater que je suis aussi originaire d'autre part !

Köylen était à la fois surprit et ravie qu'elle se déballe autant et il pouvait aisément voir de la détresse dans son regard. Ils avaient en quelque part, une histoire similaire... et il voulait la réconforter car il voyait déjà perler quelques larmes aux coins de ses yeux. Il s'approcha d'avantage d'elle et lui dit:

- Ce que tu ressens est tout à fait normal et tes parents sont tout à fait conscient qu'un beau jour, tu vas les questionner sur tes origines, que tu vas vouloir savoir dans quels circonstances s'est passé ton adoption ou encore si ils ont déjà eu contact avec tes géniteurs. Tout parents adoptant un enfant savent qu'ils passeront par là un jour Caly... tu n'as absolument pas à avoir honte. Tu ne les blesseras pas en leur dévoilant ton désir de connaître tes racines. 

 

 

- Tu sais, il y a quelque mois, j'ai parlé de ça à Sledge. Je lui ai dit que j'allais tenter d'en discuter avec les parents, et il l'a vraiment très mal prit. Avoua Calypso, dont les larmes commençaient à couler. - Il s'est énervé et a commencé à pleurer tout en me disant que je n'avais pas le droit de faire ça, que ma seule famille c'était eux et que je n'avais pas à me soucier du reste, qu'il ne voulait pas me perdre etc. Je ne l'avais jamais vu de ma vie entière dans cet état là et je lui ai promis de ne plus penser à ça. Récemment encore, il m'a refait promettre de ne pas chercher à connaître mes géniteurs, il avait l'air chamboulé, comme si il savait quelque chose que je devais absolument ne pas savoir ! Je l'aime et je déteste le voir dans un état pareil, du coup je lui ait refait la promesse, seulement c'est très dur à tenir ! C'est comme si tu m'emmenais dans un magasin de musique en me faisant promettre de ne pas toucher aux instruments ! C'est totalement impossible !

Köylen esquissa un sourire à l'entente de sa dernière phrase. Il essuya délicatement les larmes des joues de Calypso qui sursauta au contact de ses doigts. Cette journée prenait une tournure vraiment spéciale: alors qu'ils déconnaient et discutaient des prochains projets de Gen X, ils s'étaient retrouvés à parler de la vie de Calypso. En dix petites minutes, elle était passée de "heureuse" à "triste". Le chanteur s'était rendu compte qu'elle avait besoin de parler, de se confier et il faisait son possible pour l'aider. Ce qu'elle venait de lui dire sur la réaction de Sledge l'intrigua.

- Je trouve que la réaction de ton frère est quand même assez excessive... Alors, soit il est extrêmement attaché à toi, soit en effet, comme tu l'as dit, il est au courant de quelque chose qu'il ne veut pas que tu saches; soit c'est les deux. Dans tous les cas retiens ça: C'est ton droit de connaitre tes géniteurs, c'est ton histoire, c'est ta vie ! Si Sledge t'aime vraiment, il te laissera faire les démarches. Si tu as vraiment peur de sa réaction, invite le à venir avec toi si éventuellement tu as la possibilité de les rencontrer, histoire de lui montrer qu'il est important pour toi et que rien ne changera entre vous. Il ne peut pas t'empêcher d'en savoir plus sur ces gens qui t'ont donné la vie... Quand tu seras prête, parles-en avec tes parents. 

 

 

Les larmes de Caly continuèrent de couler un peu malgré les paroles réconfortantes de Köylen qui fut assez surprit de la voir dans un tel état. Il posa sa petite tête sur ses épaules musclé et la serra contre lui sans dire un mot. Cela devait vraiment être la première fois qu'elle abordait ce sujet tout de même assez difficile et il ne savait pas si elle pleurait de joie ou de tristesse jusqu'à ce qu'elle le remercie entre deux sanglots.

- Je m'en suis tellement voulu quand j'ai vu dans quel état était Sledge... Je les aimes tant, mais c'est si dur d'en parler. Savoir que ce que je ressens et que ce que j'ai envie de faire est tout à fait normal, me libère d'un sacré poids. Merci encore pour tes paroles.

- Ne me remercie pas, c'est tout à fait normal, on est ami, non ? Et puis si tu as besoin de te confier je suis là moi aussi, je sais que tu discutes déjà beaucoup avec Seb et Korben donc saches que je suis aussi à ton écoute et que si tu veux te confier je suis là.

- C'est pareil de mon côté. Répondit Calypso dont le visage était redevenu rayonnant. - Cette histoire pourra rester entre nous par contre ?

- Bien sûr ! Accepta Köylen en lui rendant son sourire. - Croix d'bois, croix d'fer, si j'mens, j'vais en enfer ! Mais avant, est-ce que tu veux bien me montrer ces paroles ? Demanda-t-il ensuite en reprenant un ton sérieux.

Caly hésita un peu avant de sortir de la pièce. Elle revint quelques secondes plus tard avec une feuille noircie de son écriture, et décorée de quelques gribouillis qu'elle donna au grand brun qui l'a lut avec attention. Un autre moment de mutisme gagna la grande chambre, un mutisme que l'adolescente trouvait très gênant. Elle observait Köylen pendant la lecture de son texte et elle pouvait remarquer qu'à certains passages, son regard s'assombrissait. Mais qu'est ce que cela voulait dire?

 

❋  ❋  ❋

 

- C'est drôle... Finit-il par dire. Je m'y retrouve également dans cette chanson, on dirait que tu l'as écrite pour moi, sauf que ce n'est pas ma mère qui nous a abandonnée, mais mon père. La seule différence c'est que je n'étais pas encore né... Avoua-t-il ensuite en gardant la feuille entre ses doigts.

Caly en resta bouche bée. Il venait lui aussi, de lui faire une confession, et pas n'importe laquelle! Cela semblait dur d'en parler pour lui aussi et son petit sourire triste lui fendit le cœur.

- Co... comment as-tu vécu cette absence ?

- Globalement bien... jusqu'à un certain moment de ma vie... Répondit-il en restant vague. - Ce serait trop long à expliquer et pour être honnête, je n'ai pas trop envie d'en parler pour le moment. Ce sont des souvenirs que j'évite de faire remonter à la surface, je ne suis pas tout à fait prêt pour en discuter. Je suis désolé... Continua-t-il lorsqu'il vit le regard interrogateur de Calypso.

- Je comprends très bien, t'en fais pas et puis ça ne me regarde pas.

- Ce n'est pas ça, c'est juste que je n'arrive pas à en parler sans craquer et c'est une partie de moi-même que j'ai beaucoup de mal à montrer à qui que ce soit. Je sais que c'est ridicule, toi-même tu viens juste de craquer devant moi mais ce que tu ne sais pas c'est que je ne suis pas aussi fort que tu ne le crois et tu dois me prendre pour un égoïste, tu te dévoiles et moi je refuse d'en faire autant.

- Mais qu'est ce que tu racontes Köylen, ce n'est pas parce que je viens de te parler de ma vie que tu dois en faire autant ! Je respecte ton choix, ne le fais que si tu as confiance en moi et surtout si tu te sens prêt.

- Tu es formidable, ces gens qui t'ont laissé tomber ont commis la plus grande erreur de leur vie, c'est moi que te le dit ! Et, un jour, si vraiment je suis prêt, je t'en parlerai de ce passé... On se ressemble un peu en somme...  On a l'impression qu'il nous manque une partie de notre identité... Je sais très bien ce que tu ressens, je le ressens aussi tout les jours. Puis on agit tous les deux de la même manière, on couche nos pensées sur papier, notre ressentis, nos peurs, nos espoirs...  

 

 

Ils se regardèrent pendant un petit moment sans ne rien dire quand soudain, Köylen se rapprocha d'avantage pour déposer ses lèvres délicatement sur la joue de l'adolescente.

- Ton frère et sa copine ne vont pas tarder à arriver, on ferait mieux d'aller préparer quelque chose de succulent à gloutonner, tu crois pas ? Proposa-t-il, d'une voix douce et sans changer de position.

- O... Ok. Se contenta de répondre la jeune fille, très surprise car pas du tout habituée à être aussi proche du jeune homme. - On leur fait un truc japonais ? Elle essayait de paraître tout de même décontractée même si c'était tout le contraire.

- Oh oui bonne idée !! Mon estomac commence à me chanter un opéra, là... Plaisanta-t-il ensuite.

Ils quittèrent donc la pièce, en énumérant les ingrédients dont ils auraient besoin pour réaliser leurs chef d'œuvres. Calypso était encore chamboulée par ce qu'il venait de se passer dans cette chambre, au même titre que Köylen, qui voyait désormais en elle, une sorte d'alter ego.