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Une semaine plus tard.
Rueil Malmaison, France. 20h30.
Paveł était dans son appartement où il se prélassait tranquillement après avoir eu la joie d’apprendre qu’il avait validé sa première année de Master en Technologie Sonore et Visuelle avec mention Très Bien. Il ne lui restait plus qu’une année d’étude et il poursuivrait avec un Doctorat !
Son logement, que son père lui avait acheté quand il avait débarqué en France pour faire ses études, était parfaitement rangé et ses bagages prêts. C’était la fin des cours et le début des vacances donc il rentrait au bercail dans deux petits jours.
Le grand blond n’avait pas encore eu le courage d’avouer à son père qu’il était au courant pour Köylen mais il s’était décidé d’aborder le sujet avant qu’ils ne se rendent à Helsinki pour assister à la dernière date de concert de Gen X.
Paveł se souvenait encore du jour où son père l’avait appelé à la hâte après avoir visionné le live de l’ancien quintette. Il lui avait ordonné de faire tout ce qu’il pouvait pour leur chopper des places. Le jeune homme avait vraiment eu chaud pour se les procurer parce que sa connexion internet avait décidé de bugger juste après sa validation d’achat.
En tout cas, il attendait cette soirée avec un mélange d’impatience et surtout de tristesse car Gen X était son groupe favori. Il avait passé la majeure partie de son adolescence et de sa vie de jeune adulte avec leur musique aux oreilles et avait assisté à tous les concerts qu’il pouvait.
Il avait même été voir Köylen et Calypso à l’Eurovision alors qu’il détestait ce concours qu’il trouvait kitschissime à souhait, c’était pour dire... !
Alors savoir que son idole était son demi-frère caché continuait de hanter son esprit. Il recevait assez souvent des nouvelles de ce dernier par le biais de Calypso et même dans ces moment là, il avait du mal à réaliser qu’il conversait avec elle parce qu’il était tout aussi fan d’Amaranth.
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Une heure plus tard.
Alors qu’il était dans sa cuisine à attendre sa livraison de Pizza, la sonnerie de son application Skype sur son ordinateur le fit sursauter.
Il se dirigea rapidement vers l’appareil et à sa plus grande surprise, il constata que c’était Calypso. D’une main tremblante, il accepta l’appel et une seconde plus tard, il vit le visage de la jeune femme apparaître.
- Salut Paveł, tu vas bien ? Je te dérange pas trop... ?
- Salut, Calypso ! Non tu ne me dérange pas du tout ! Comment vas-tu ? Et tes bébés ? Et Köylen... ?
Elle vit le sourire de Caly s’élargir quelques secondes avant qu’elle ne lui réponde.
- Bah écoute, on va tous bien... Il y a quelqu’un qui voulait te rencontrer, ce soir. Tu as un peu de temps devant toi ?
Le cœur du grand blond s’emballa. Il avait directement compris ce qu’il se passait... Köylen était prêt à faire sa connaissance. Ça ne pouvait être autre chose que ça. Il sentait déjà les larmes lui monter aux yeux.
Ayant la gorge trop nouée pour répondre de vive voix, il se contenta de hocher la tête frénétiquement, ce qui fit sourire davantage la petite brune.
Il la regarda décaler sa chaise et vit quelqu’un en ajouter une à ses côtés avant de lentement s’asseoir.
- Oh putain, Oh putain... C’est lui, c’est Köylen... C’est...
- Ça bug ? L’entendit-il dire à sa compagne en finnois tout en regardant suspicieusement vers lui. - On dirait que l’image est figée.
- Non... J’crois qu’il est en état de choc. Dit Caly en ricanant un peu.
- Heu... Bonsoir... Dit enfin Paveł, en anglais, une fois ses esprits retrouvés. - Bonsoir Köylen. Ravi de te voir en bonne santé.
- Bonsoir et merci... Répondit le grand brun avec un brin de timidité, chose qu’il était rare d’observer chez lui.
- Je suppose que Calypso, Sebastian et Korben ont dû t’expliquer les choses. Tu dois avoir pas mal de questions...
- En effet, et c’est pas peu dire. Acquiesça Köylen qui remarquait à présent bien qu’ils avaient un air de ressemblance. C’était tellement troublant...
- J’en ai quelques-unes aussi... Mais avant tout je voudrais que tu saches que je suis vraiment très heureux de te rencontrer, même si c’est à distance et merci de m’avoir contacté.
- Je t’en prie... Je te cache pas que j’arrive pas encore à croire qu’on soit demi-frère... Je me suis toujours considéré comme un orphelin même si je savais que j’avais un père quelque part.
- Oui, je sais ce que mon père a fait à ta mère... C’est à cause de moi, je suis désolé. S’excusa-t-il.
- C’est plutôt celle de notre père. Rectifia Köylen. - Il aurait pu être franc avec ma mère et lui dire la vérité... La connaissant elle aurait accepté la situation et je suis même sûr qu’elle aurait adoré t’élever... Enfin nous élever, du coup... C’était dans son tempérament, en tout cas.
- Elle avait l’air d’être quelqu’un de chouette... et je pense qu’elle n’a cessé d’hanter notre père jusqu’à aujourd’hui. D’ailleurs tu sais que mon prénom vient de ton propre nom de famille... ? Paveł : Pawelski... C’est l’une des choses que m’a avoué mon père le soir où il nous a appris notre lien de parenté. Lui apprit Paveł. - Donc je pense que ses sentiments envers elle devaient être vraiment très forts pour aller jusqu’à lui rendre hommage à travers moi.
Köylen reçut ces informations avec beaucoup de tristesse mais n’y fit rien paraître...
- Qui est ta mère, à toi... ? Lui demanda alors le grand brun.
- Je ne la connais pas... Je sais juste qu’elle s’appelle Elana, que c’était une ex-copine de mon père qui lui a caché sa grossesse et a jugé bon de m’abandonner à l’âge d’un mois sur le perron du domicile de mes grands-parents avant de partir sans laisser de trace.
- Ah... Désolé...
- T’inquiète, je le vis bien. Le rassura-t-il. - J’ai eu une super vie dans l’ensemble... Bon, avec des hauts et de bas, comme tout le monde mais je ne suis pas du tout à plaindre.
- Tant mieux pour toi. Et... Qu’est-ce qu’il fait dans la vie... ? Demanda Köylen avec une certaine lenteur.
- Papa ? Eh bien, il est prof de musicologie à l’Université de Prague et il donne aussi des cours de chants au Conservatoire. Köylen, je te promets que c’est un type bien...
- Peut-être pour toi... Toujours est-il que me concernant, il m’a complètement abandonné donc je ne sais pas si je peux le voir comme tel.
- Je suis incapable d’apporter des preuves de ce que je vais te dire... mais je pense qu’il a découvert ton existence quand tu es devenu célèbre. Vu comme il idolâtrait presque Gen X, c’est ce qui me paraît le plus plausible. Dit Paveł. - On a dû aller à plus d’une vingtaine de vos concerts ensemble... et à chaque fois il était ému aux larmes d’être là. Il me foutait un peu la honte dans ces moments là... mais maintenant je comprends pourquoi il était dans un tel état.
Köylen mit un certain temps à répondre parce qu’il n’arrivait pas à croire que pendant toutes ces années où il s’était produit avec Gen X sur scène, son père était parmi le public... C’était quelque chose qui lui paraissait tellement irréel...
- Tu lui as avoué être au courant de notre lien de parenté... ? Lui demanda-t-il alors.
- Non, pas encore... Mais je compte le faire dès mon retour à Prague d’ici deux jours.
- Arrange-toi pour que ce soit fait parce que je voudrais vous rencontrer tous les deux, en chair et en os. Lui apprit alors Köylen avec beaucoup de calme. - Autant que toutes les vérités soient dites en face à face.
- Vrai... Vraiment ?! Paveł n’en revenait pas d’une telle proposition. Il était bien évidement super content même s’il restait tout de même un peu anxieux d’avoir cette discussion avec leur père. - Quand est-ce que tu voudrais que ça se fasse ?
- Le plus rapidement possible... Avant la naissance de mes triplés, si ça te va.
- Bah écoute, on viendra en Finlande pour assister à la dernière date de votre concert d’adieu. Tu penses que ça pourrait se faire dans ces eaux-là... ?
- Ouais ça me paraît bien. Acquiesça Köylen. - Je t’écris l’adresse de chez nous. Dit-il ensuite en tapant quelques secondes sur le clavier. - Je te propose de venir la veille du concert final, vers 14h... ?
- C’est parfait ! On est censé arriver ce jour-là vers 10h, en plus donc c’est tout bénef’. Je te tiendrai au courant après avoir parlé avec lui.
- Ça marche... Acquiesça Köylen. - Et toi, sinon... ? Tu fais quoi dans la vie ?
Paveł lui détailla son cursus actuel et sans aucune difficulté, les deux demi-frères commencèrent à parler musique sous le regard et l’ouïe de Calypso qui ne pouvait s’empêcher de sourire à cet instant.
Cela devait faire déjà une bonne demi-heure qu’ils discutaient sur cette passion qu’ils avaient tous en commun et elle ne pouvait pas être plus heureuse. Köylen souriait et était bavard... Cela signifiait qu’il appréciait la personne avec qui il discutait.
C’était bon signe pour la suite. Elle ferait tout son possible pour que cette rencontre se passe bien et elle espérait qu’à son issue, Köylen discuterait avec la même ferveur avec son père.