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♬ Lorne Balfe - What Came Before ♬
Le trajet vers les urgences se fit dans le plus grand des mutismes. Les seuls sons dans l’habitacle étant les reniflements et pleurs silencieux des deux jeunes femmes. Caly avait rapidement pris contact avec Klaara, qui était de toute évidence dans le même état qu’elles. Elle et Elvi prenaient le prochain train pour rejoindre la capitale et seraient là d’ici deux heures.
Quand ils arrivèrent devant l’établissement, ils furent tout simplement ébahis par la mer de monde présente. Un nombre faramineux de fleurs, dessins, photos, bougies et autres objets étaient disséminés contre les barricades que le service de sécurité de l’hôpital avait dressé et ils étaient en train de chanter Three Hammers, le troisième et dernier single de Gen X, très apprécié des fans.
Cette vision ne fit rien pour empêcher Maya et Caly de pleurer davantage. Cette vision n’était qu’un rappel de plus que cette tragédie était belle et bien réelle...
Arrivés aux urgences, ils furent attendus par toute une équipe qui prit Maya en charge dans l’immédiat. Cependant celle-ci rassembla tout son courage et le peu d’énergie qui lui restait pour demander où se trouvait son mari alors qu’on la plaçait sur un brancard.
- Il reçoit actuellement des soins... Il va bien. Vous pourrez vous voir quand il sera transféré dans sa chambre. Lui dit une infirmière.
- Concernant Monsieur Pawelski, tout ce que je sais c’est qu’il est actuellement au bloc opératoire. Je vais vous y conduire et annoncer votre présence. Intervint l’un de ses collègues avec beaucoup de bienveillance.
- Merci infiniment... Dit Calypso avant de se tourner vers Maya. - Courage, je reviens auprès de toi dès que je le peux, ok ?
Maya hocha lentement la tête, les larmes coulant toujours sur ses joues. Caly lui déposa un baiser sur l’une d’elle et lui serra la main très fort avant que le personnel de santé ne l’emmène en salle d’examen. Caly la regarda disparaître au fond du couloir en espérant de tout son cœur que son neveu était en bonne santé.
Elle ne pourrait pas supporter de perdre une personne de plus.
Avec Sledge et main dans la main, ils suivirent le jeune homme vers le service de neurochirurgie. Une fois arrivés dans la salle d’attente désertée pour l’occasion, l’infirmer leur intima de l’attendre ici pendant qu’il allait prévenir le Dr Kakko.
Pendant ce cours lapse de temps, Caly posa sa tête contre le torse de son frère, exténuée et d’une tristesse incommensurable.
- Et dire qu’on était censé faire la fête, ce soir... Dit-elle lentement, le regard vide. - J’arrive pas à croire que Jan et Torsten soit morts... Je réalise pas... Et Köy... ? Putain, mais qu’est-ce que je vais faire sans lui ?! Hein, Sledge ? Qu’est ce que je vais faire s’il meurt, lui aussi ?!
Quand elle reparti dans des sanglots, Sledge se contenta de la serrer contre lui une nouvelle fois car totalement incapable de répondre à ses interrogations. Comme tout le monde il était attristé par la mort des deux Gen X et par l’état de Köylen. Depuis le retour de ce dernier et de sa sœur au pays, il avait passé régulièrement du temps avec eux. Il n’avait jamais vu sa sœur aussi heureuse et épanouie. Et si au début il était très méfiant envers Köylen, petit à petit il avait commencé à baisser sa garde et même l’apprécier malgré lui...
Tout ce qu’il lui restait à souhaiter c’était qu’il survive parce que lui non plus ne savait pas ce que deviendrait sa petite sœur s’il était amené à succomber à ses blessures.
- Bonsoir, Monsieur et Mademoiselle Hietala. Je suis le Dr. Kakko, le directeur du département de neurochirurgie de cet hôpital. Si vous voulez bien me suivre jusqu’à la salle derrière nous, s’il vous plaît.
Ils suivirent le praticien avec beaucoup d’appréhension. Ce dernier semblait soucieux et assez stressé, ce qui ne présageait rien de bon. Ils arrivèrent dans une petite salle de radiographie.
- Tout d’abord, laissez-moi vous présenter toutes mes condoléances pour vos amis, je sais à quel point ce que vous traversez doit être difficile. Si vous avez besoin d’un soutien psychologique, sachez que nous sommes à votre disposition.
- Merci, Docteur... Répondit lentement Caly. - Comment va, Köylen ? Lui demanda-t-elle alors avec impatience et crainte.
Le Docteur ne répondit pas tout de suite. Il prit une radio entre ses mains et la placarda sur l’une des tablettes lumineuses accrochée au mur. Là, Sledge et Caly virent le scanner d’un crâne humain.
- Votre compagnon souffre de ce que l’on appelle une dislocation atlanto-occipitale. Comme vous pouvez le voir sur la radio, son crâne s’est détaché de sa colonne vertébrale. Commença-t-il à expliquer avant d’être interrompu par les pleurs de la jeune femme.
- C’est bon, j’ai compris... Il est mort, c’est ça ? Réussit-elle à dire entre deux sanglots. - C’est ce que vous êtes en train de me dire avec diplomatie, n’est-ce pas ? Parce qu’il est impossible que quelqu’un survive à ça !!
- Il est toujours vivant, mademoiselle. Répondit le Docteur avec calme et douceur. - Il y a cependant eu une petite complication qui s’est présenté pendant que nous le préparions pour son opération.
- Quelle complication ? L’interrogea-t-elle alors.
- Il a fait un arrêt cardiaque et été cliniquement mort pendant quelques secondes... mais nous avons réussi à faire repartir son cœur. Il est à présent stable et prêt pour le début de son intervention.
Caly se sentait un peu soulagée.
- Vous devez également savoir que jamais en Finlande nous n’avons eu affaire à ce genre de trauma... Alors pour maximiser les chances de réussite de l’intervention, j’ai fait appel à deux médecins suédois qui eux, ont déjà travaillé sur un tel cas. Nous travaillerons ainsi plus efficacement. Un hélicoptère est allé les chercher, ils seront là d’ici une vingtaine de minutes. Leur apprit-il. - Mademoiselle, monsieur Pawelski est entre de bonnes mains et nous ferons tout ce que nous pouvons pour le sauver mais ce sera une intervention très difficile.
- Je place toute ma confiance et mes espoirs en vous. Sauvez-le, je vous en prie... !
- Nous ferons tout pour. Répéta le Docteur avec professionnalisme.
Ce soir, il allait sûrement réaliser l’intervention de sa vie et comme tout humain correctement constitué, il était assez stressé. Il devait également être honnête et avouer ressentir une certaine excitation car il allait apprendre beaucoup durant cette opération et son succès ferait non seulement sa notoriété et celle de l’hôpital. Il ne pouvait donc pas échouer, ce n’était pas une option. Il ferait tout pour que son patient sorte de cet hôpital sain et sauf.
- Je retourne au bloc. Cela risque de durer quelques heures. Je vous laisse donc transmettre vos coordonnées à ma secrétaire et je vous contacterai quand nous aurons terminé. Proposa alors le Docteur.
- Je les transmettrai comme convenu mais je reste ici.
- Caly, tu as besoin de te reposer... La sermonna son grand frère.
- Je passerai la nuit ici auprès de ma sœur, mes amis et mon copain. C’est pas négociable, frangin... Comprends-moi... S’il te plaît.
Sledge soupira lentement et hocha simplement de la tête. Il la comprenait tout à fait. Tout comme le Docteur Kakko qui accepta sa décision.