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Il était très tard sur la petite île de Cuba mais cela ne semblait pas gêner Kristina qui était toute seule dans son salon à tranquillement écouter de la musique sur son Ipod. Elle aurait dû rentrer à Los Angeles depuis belle lurettes mais lorsqu’elle avait apprit que Maya allait s’envoler pour la Finlande, elle se sentit obligée de rester. Elle ne se voyait pas retourner dans leur appartement toute seule...
De plus, elle était vraiment dégoutée qu’elle ne puisse pas la suivre en Europe. Cela aurait été tellement plus simple pour continuer de séduire Köy... Savoir que sa sœur le verrait tous les jours dans deux semaines la rendait malade. En fait, Kristina avait passé tout son temps à essayer de faire changer d’avis sa petite sœur mais cette dernière restait catégorique. Elle ne pouvait pas compter sur son père et sa belle-mère non plus... De toute façon elle s’y attendait.
Avec la musique dans ses oreilles, elle n’entendit pas son père s’approcher. Ce ne fut que lorsqu’il s’assit à ses côté qu’elle le remarqua. Elle sursauta car elle ne s’attendait pas à ce quelqu’un se lève à cette heure ci. Elle retira ses écouteurs.
- Tu m’as fait peur !!
- Désolé. S’excusa son paternel. – Qu’est ce que tu fais debout à deux heures du mat’ ?
- J’n’ai pas sommeil. Et toi, tu fais quoi ?
- J’étais descendu pour boire. Dit-il en se dirigeant vers la cuisine pour se servir un verre d’eau. – Je m’inquiète pour toi... Finit-il par dire après avoir but son eau.
- Tu ne devrais pas, je vais bien. Se contenta de répondre la grande blonde qui l’avait rejoint dans la pièce.
- Je n’aime pas quand tu me prends pour un imbécile, Kris. Dit tout simplement son père. Kristina répondit par un « pff » qui ne lui plut évidemment pas. – Ne pouffe pas ! Tu te comportes comme une gamine à chaque fois qu’on tente, ta mère et moi de t’aider ! Tu...
- Mila n’est pas ma mère ! Le coupa soudainement Kristina. – Je n’ai pas de mère !
- C’est elle qui t’as élevée depuis que tu as deux ans ! Si ce n’est pas une mère je ne sais pas ce que c’est ! Brian se retenait de parler fort de peur de réveiller sa femme et sa fille. – Ce n’est pas parce qu’elle n’est pas ta mère biologique que tu ne dois pas la considérer comme telle. Les liens affectifs vont au-delà du lien du sang. Je pensais que tu serais assez intelligente pour savoir ça à ton âge. Elle t'a toujours traité de la même manière qu'elle traite Maya.
- Tu peux parler, tu ne sais pas ce que c’est que d’être la cause de la mort de ta mère ! Si je n’étais pas née, elle serait toujours en vie !! S’exclama alors Kristina. Ce qu’elle venait de dire choqua son père qui ne s’attendait absolument pas à ce que sa fille puisse se sentir fautive du décès de sa mère. Quand à Kristina, c’était la première fois qu’elle abordait ce sujet qui la taraudait depuis son enfance. C’était l’une des raisons qui avaient forgé son caractère peu supportable.
- Mais... Mais qu’est-ce-que tu racontes ?! Ce n’est pas de ta faute si ta mère est morte durant son accouchement. Ne me dit pas que tu t’es accusée de ça durant toute ta vie ?! Tu n’y es absolument pour rien ma chérie, c’est la vie qui en a décidé ainsi et certainement pas toi.
- Ouais, c’est ça... Au fond je sais très bien que tu m’en veux parce que j’ai tué maman mais tu ne me le diras pas.
- Kris, tu crois vraiment que je t’aurais gardé avec moi si je pensais une telle chose ? Lui dit alors Brian qui était vraiment blessé que sa fille ne le croit pas et surtout qu’elle ne lui ait pas fait part de son ressentit plus tôt. – Tu m’es aussi importante que Maya. Tu es ma fille, une partie de moi. Je ne peux pas t’en vouloir pour une chose pareille. Enlève-toi ça de la tête, je t’en prie ! Tout ça est ridicule !
- Ouais, c’est ridicule t’as raison. J’aurais du fermer ma gueule ou même mieux : crever à ma naissance aussi, tiens. Je ne t’aurais pas imposé ma présence. Ça devait faire mauvais genre d’abandonner sa gamine, c’est pour ça que tu m’as gardé. Ou bien tu avais peut-être peur que je vienne te faire chier une fois adulte et une fois que tu aurais une nouvelle vie et m’aurait zappé.
Brian soupira de lassitude. Sa fille était une véritable tête de mule. A chaque fois qu’il essayait de la rassurer, elle le prenait mal ou comme dans cette situation, s’enfonçait encore plus. Il ne savait pas si c’était parce qu’il avait du mal à la comprendre ou bien si elle le faisait exprès pour attirer l’attention. Mais il doutait qu’il s’agisse de la deuxième supposition puisqu’il s’agissait ici d’un sujet très sérieux et non d’une futilité.
- Déjà tu ne me parles pas comme ça. Dit-il d’un ton sévère. Il ne fallait pas qu’elle dépasse les bornes non plus. – Et ce n’est pas en cherchant le clash comme ça qu’on va arranger les choses. Tu as vingt ans aujourd’hui, je pense que t’es quand même assez mature pour parler de tes frustrations sans prendre ce ton de reproche ! Puis tu devrais aussi écouter ce que les gens te disent et surtout me faire confiance ! Je suis ton propre père, pourquoi je te mentirais, hein ?
- J’ai compris depuis longtemps que j’étais l’indésirable, le vilain petit canard de la famille. Ce n’est pas comme Maya ! Non, elle est presque parfaite et tout le monde la chouchoute parce que si elle fait une crise de nerf elle pisse le sang. Puis elle a ses deux parents au moins. Elle a toujours tout mieux réussit que moi, c’est toujours elle qu’on est venu draguer en premier aussi, hein...
- Kristina, quand est ce que tu vas comprendre qu’il n’y a jamais eu de favoritisme entre vous deux ? Tu as toujours cru cela du coup tu l’embêtais tout le temps, il était normal qu’on te réprimande, non ? Toutes ces bêtises tu les faisais et continues de les faire pour te faire remarquer, on l’a bien vu et on a toujours essayé de te montrer que tu comptes autant pour nous que Maya. Après, il est normal qu’on soit plus vigilent avec ta sœur à cause de sa santé, tu ne peux vraiment pas nous en vouloir pour ça. Tu n’en a même pas le droit.
- Tu comprends jamais rien de toute façon...
- Oh si, j’ai toujours bien compris rassure-toi. Je peux comprendre que l’absence de ta mère biologique te fasse mal et je suis désolé de ne pas t’avoir parlé d’elle, j’avais tout simplement peur que ça te fasse encore plus de mal mais j’ai mal agit. Si tu le souhaite, un jour je te parlerai d’elle, tu n’auras qu’à venir me trouver quand tu t’en sentiras prête. Mais en ce qui concerne cette jalousie maladive envers ta sœur et les accusations que tu portes envers moi et Mila je ne les accepte pas. Tu te fais passer pour une victime et nous envoie chier sans cesse ! Ce n’est pas comme ça que ça marche. Je t’ai toujours dit qu’il fallait parler quand ça n’allait pas ! C’est comme ça qu’on règle les problèmes. La façon dont tu agis ne fait que les créer. Kristina allait répliquer quelque chose mais il l’en empêcha. – On arrête là pour ce soir, je pense que tu devrais méditer sur cette conversation et quand tu estimeras avoir comprit ce que je t’ai dit, viens me voir. Je retourne me coucher maintenant. Bonne nuit, ma chérie.
Brian laissa sa fille aînée réfléchir dans la cuisine. Il avait été particulièrement affecté par ce vif échange. Il était surtout malheureux qu’elle puisse penser qu’il n’en avait absolument rien à faire d’elle. Jusqu’à maintenant, il pensait avoir fait les choses comme il fallait, il pensait être un père aimant et qui était à l’écoute de ses enfants. Savoir que Kristina ne lui avait jamais fait part de ses angoisses lui avait miné le moral. Ce problème avec son aînée ne faisait qu’ajouter un poids de plus sur ses épaules déjà lourdes d’un passé qui ressurgissait lentement mais sûrement...