• ~ 172 ~

     

    Dix minutes plus tard, après avoir terminé sa conversation avec Denn, Köy resta face à la fenêtre de son salon, perdu dans ses pensées. Il n’arrivait toujours pas à croire que son rêve ultime était sur le point de devenir une réalité. Il allait enfin pouvoir rendre hommage à sa mère, faire découvrir au monde les magnifiques textes et mélodies que la femme qui fut pendant les dix premières années de sa vie, la personne la plus importante dans sa vie et qui lui avait donné une passion et un objectif à poursuivre dans la vie.

     

    ~ 172 ~

     

    La sonnette de la porte d’entrée de la villa retentit, annonçant donc l’arrivée d’un visiteur. Le chanteur reprit alors rapidement ses esprit se dirigea vers la source de bruit et vit que Kristina attendait patiemment devant l’entrée de la demeure.

    La jeune femme n’habitait pas dans la villa bien qu’intérieurement elle l’aurait bien voulu. Mais étant donné que son arrivée en Finlande avait déjà bien semé la zizanie entre lui et ses confrères, elle ne risqua pas de proposer cette idée à son petit ami de peur que leur relation n’en pâtisse.  Bien qu’elle avait réussit à devenir sa copine, elle était bel et bien consciente que la musique avait beaucoup plus d’importance pour lui et qu’il n’hésiterait pas à la dégager si jamais il devait choisir entre elle et sa passion. C’était un point que la jeune femme essayait tant bien que mal d’inverser.

    Köylen lui ouvrit et la salua en lui déposant un bref baiser sur la bouche.

    - Salut, toi. Je ne m’attendais pas à te voir aujourd’hui, je pensais que tu avais rendez-vous avec ton agent à Sacramento ? Il la laissa entrer et ils se dirigèrent vers la cuisine où il lui servit à boire.

     

    ~ 172 ~

     

    - Merci. Dit-elle en prenant le verre. - J’y suis allé... Ça a été rapide. Je me suis faite engueulée et j’ai appris par la même occasion que cette possible tournée internationale ne verrait pas le jour. Dit-elle tristement en soupirant de lassitude. Elle avait passée une journée plus qu’horrible. Elle espérait un peu de réconfort de la part de Köy.

    - C’est à cause de la vente de ton dernier album... Devina aisément Köy. La jeune femme hocha lentement la tête. Le troisième album de Kristina était le premier à avoir atteint les côtes européennes et autant dire que sa réception fut un véritable échec. Apparemment, la teen pop ne fonctionnait qu’aux States où l’album reçut un accueil un peu plus chaleureux même si le nombre de vente était beaucoup moins conséquent que ses deux précédents travaux.

    - Du coup bah... mon contrat ne sera pas renouvelé vu que je leur aie fait perdre du fric. Il me reste un album à sortir avant de trouver une nouvelle maison de disque qui veuille bien de moi. Sinon j’vais aller pointer au chomdu. Dit-elle nonchalamment.

     

    ~ 172 ~

     

    - Tu ne vois pas que c’est une super opportunité pour enfin faire ce que tu as toujours voulu comme métier ? Excuse-moi mais tu fais de la musique plus pour la thune qu’autre chose. Ça se sent que tu ne crois pas en ce que tu fais et tu me l’as toi-même dit à plusieurs reprises que la direction que tu avais prise ne te convenait pas. Tu devrais sincèrement penser à réaliser ton rêve ; faire du cinéma ! C’est ça que tu voulais faire à la base, non ? Alors lance-toi ! Tu n’as rien à perdre en plus, parce qu’avec ta carrière musicale tu as ramassé assez de fric pour bien vivre jusqu’à tes cinquante ans au moins !

    - J’ai déjà tenté de me lancer mais je n’ai pas arrêté d’échouer, Köy ! Je ne convenais jamais à ce qu’ils recherchaient lors de tous ces castings. Au bout d’un moment j’en ai eu marre. Alors si je décide de me lancer maintenant, ça risque d’être encore pire puisque personne ne me prendra au sérieux avec ma réputation de teen idol !

    - Tu n’arriveras jamais à rien si tu laisse tomber aussi facilement. Les échecs font parti de la vie ! Rien n’est facile, faut se battre pour ses rêves, pour ce qu’on aime ! Alors bats-toi et ne perds pas confiance en toi, bas-toi pour ce en quoi tu crois, pour ce que tu veux faire de ta vie ! Tu es la seule responsable de ta destiné ! Travailles d’arrache pied pour obtenir ce que tu veux ! Et surtout, je te vois venir : ne te compare pas à ta sœur ! Il vit Kristina lever les yeux au ciel, la mine boudeuse. Cela le fit rire. – Tu devrais t’inscrire à un cours d’art dramatique histoire de te remettre dans le bain, de revoir les bases du jeu d’acteur, de l’improvisation etc... Tu pourras repartir de zéro. Puis ça te permettra aussi de rencontrer d’autres comédiens et de te créer un petit réseau pour tes futures démarches ! Tu n’as absolument rien à perdre, alors réfléchis bien...

     

    ~ 172 ~

     

    - Merci pour tes conseils, Köy. Tu es sans doute le seul qui croit vraiment en moi. Je ne sais pas ce que je ferai sans toi...  Dit-elle en se levant de son tabouret pour l’embrasser amoureusement.

     

    ~ 172 ~

     

    - Tu sais très bien que c’est faux, Tina. Dit-il ensuite. - Tu as des gens qui croient en toi, mais tu refuses d’ouvrir les yeux. Tu sais, j’espère vraiment qu’un jour tu trouveras la force de discuter avec ton père et surtout Maya. Je t’ai répété au moins mille fois qu’une famille c’est sacré, ils seront toujours là pour toi, malgré les tensions. Je suis sûre que si demain tu tombais gravement malade, Maya serait à ton chevet vingt quatre heures sur vingt quatre.

    - Pfff... C’est ça, ouais ! Pouffa-t-elle de rire. 

    - Je peux te le garantir, tu es moins seule que tu ne le pense. Lui assura-t-il en lui caressant affectueusement la joue.

    - Je... Je t’aime, Köy. Dit Kristina soudainement, sans même pouvoir se contrôler. Cela faisait tellement longtemps qu’elle voulait lui dire ces mots, mais même s’ils étaient officiellement ensemble, elle sentait bien qu’il n’était pas aussi proche d’elle, comme il l’était avec Calypso. Il avait suivit ses conseils bidons à la lettre. De plus il était encore affecté par cette rupture, même un an plus tard donc il était devenu encore plus méfiant. Elle savait qu’il ne fallait surtout pas le prendre pour acquis, loin de là. Cette situation n’était pas trop à son avantage mais jusqu’à maintenant, elle s’en était plus ou moins accommodé, seulement à présent elle sentait bien que l’arrivée de son ex dans l’industrie de la musique américaine ne ferait que corser les choses, du coup il fallait qu’elle mette toutes les chances de son côté pour le garder.

     

    ~ 172 ~

     

    Köy était plus que surprit de l’entendre dire ces mots. Bien entendu, il était conscient qu’elle ressentait des choses fortes à son égard mais il ne pensait vraiment pas qu’elles les diraient à haute voix. De son côté, il pouvait affirmer avec sûreté qu’il n’était pas prêt à répondre réciproquement. Il était attaché et attiré par elle et se sentait plutôt bien à ses côtés dans l’ensemble, cela était une certitude, mais il ne pouvait vraiment pas parler d’amour. Du moins pas à ce moment précis. Il ne voulait pas prendre le risque d’être blessé émotionnellement et il détestait s’inquiéter et devoir contrôler sa jalousie. Sa relation avec Kris était tellement simple jusqu’à cet instant précis. Il ne s’attendait absolument pas à ce qu’elle lâche ça comme ça. Du coup il ne savait pas trop quoi lui répondre de peur de la blesser.

     

    ~ 172 ~

     

    - Bon, Köy je vais décoller, on se voit demain ! Dit soudainement Sebastian en faisant irruption dans la pièce, au grand bonheur du chanteur. Son ami lui retirait une sacrée épine du pied. Il espérait seulement que Kristina ne remettrait pas ce sujet sur le tapis. Il se verrait alors dans l’obligation de lui dire la vérité sur ses sentiments et il n’était pas sûr qu’elle le prenne bien... – Ah, salut Kristina. La salua le batteur en anglais plutôt platement cette fois ci. Les membres continuaient de parler finnois entre eux même si Kristina ou Maya étaient présentes. Cette dernière, cependant, comprenait très bien la langue maternelle de son petit-ami parce qu’il lui avait apprit quelques mots et qu’elle-même prenait quelques cours du soir. Cela fit chaud au cœur de Sebastian de voir sa copine s’intéresser à sa langue, l’histoire et même aux spécialités culinaires  de son pays.  Elle comprenait donc la majorité de ce qui était dit et commençait même à parler convenablement. Kristina, elle, ne fit aucun effort de s’intéresser à tout ça...

     

    ~ 172 ~

     

    D’ailleurs, elle répondit avec un bref hochement de tête au batteur tout en plaçant ses bras autours de Köylen avec un air protecteur. Sa relation avec Sebastian était plutôt glaciale. Il était le bouclier de sa petite sœur, toujours là pour la défendre dès qu’un semblant de querelle entre elles pointait le bout de son nez. Elle avait vite apprit à ne pas être sur sa liste noire... Quand Sebastian était protecteur, il était extrêmement efficace.

    - Pas de soucis, on commence à enregistrer demain. Denn sera là. L’informa Köylen.

    - Ça marche. Par contre je te préviens maintenant avant de zapper que samedi prochain je ne serai pas là. J’ai quelque chose de prévu avec Maya. L’avertit le grand blond sans trop entrer dans les détails.

    - Ouais, ok. Passe-lui le bonjour de ma part.

     

    ~ 172 ~

     

    - Will do ! Dit-il enfin en sortant de la pièce. Il était plutôt soulagé que Köylen n’ait pas cherché à connaître la raison de son absence pour la bonne et simple raison qu’il comptait se rendre à la conférence de presse d’Amaranth...


  • ♫ 311 - Amber

     

    Au même moment et à une trentaine de kilomètres de là, dans une résidence privée et très huppée du célèbre quartier californien de Holmby Hills,  une nouvelle habitante prenait ses marques dans sa nouvelle demeure en compagnie de ses amis, le tout avec en fond sonore de la bonne musique ska. Cela faisait maintenant plus de trois heures qu’ils vidaient des cartons et installaient les meubles afin de rendre cette grande bâtisse beaucoup plus accueillante et cosy.

    La météo était parfaite, avec quarante degrés à l’ombre, un soleil éclatant, un ciel bleu et une atmosphère plus que légère, autant dire que la vie semblait plutôt belle pour ces nouveaux arrivants des terres froides de la Finlande et de la Norvège.

     

    ~ 173 ~

     

    - Pffiouu ! Enfin ! C’était le dernier carton ! Je ne m’étais pas rendu compte que tu en avais autant, Caly ! S’exclama Dante en s’essuyant le front de fatigue. – Hey, puis t‘ as ramené la totalité des meubles de chez tes parents ou quoi ? Plaisanta-t-il après avoir déposé le dernier carton sur la pile de cartons vides sur le sol du nouveau salon tout neuf de son amie.

     

    ~ 173 ~

     

    - Arrêtes, ce n’était pas pire que l’emménagement de Sledge et Zupp la semaine dernière ! On y a passé littéralement toute la journée ! Se défendit-elle tout en riant de bon cœur.

    - Oui mais dois-je te rappeler qu’on est trois ? Intervint le concerné en tenant son fils dans ses bras. – Je suis sûre que tu as plus de trucs que nous, et tu vas habiter ici toute seule ! T’as intérêt à faire une monstrueuse pendaison de crémaillère pour fêter ça d’ailleurs !

    - Ouais, pour qu’on termine tous complètement déchirés comme pour la tienne la semaine dernière ? No fuckin’ way !

     

    ~ 173 ~

     

    - Genre Caly qui parle comme une vrai american guurrl ! Se moqua gentiment Dante. – J’adhère, faut fêter ça comme il faut ! C’est pas le barbec d’aujourd’hui qui va célébrer l’achat de cette maison, faut de la musique à fond et de la picole ! On est des scandinaves ou des chochottes, là ?

    -  Nan, sérieux les gars, je ne suis pas chaude pour une pendaison de crémaillère... Puis il y a le bout-de-chou avec nous, on peut pas faire n’importe quoi. En effet, Asbjörn était arrivé de Finlande la veille avec leur manager Mina. Sledge et Zupp souhaitaient que leur maison soit parfaitement prête pour l’accueil de leur fils. Alors ils partirent avec quelques jours d'avance afin de mettre tout en ordre.

     

    ~ 173 ~

     

    - On ne se torchera pas la gueule comme chez nous, cette fois-ci mais je te dis qu’il faut absolument qu’on fête ça ! Ça faisait longtemps que je ne t’avais pas vu t’exalter depuis cette soirée là et je veux te revoir comme ça ! Lui dit Sledge sérieusement. - On fêtera ton indépendance totale et ton diplôme, tiens... Vu que tu as refusé qu’on le fasse le jour de la remise des diplômes. On fera d’une pierre deux coups ! N’est-ce-pas, Dante ?!  

    - Je suis à deux cent pour cent d’accords avec toi, mon pote ! Tu as vraiment besoin de ça, Caly ! On est jeune, merde ! Faut en profiter ! Puis votre carrière aux States commence sacrément fort alors franchement, je crois qu’il est vraiment temps que tu te laisse aller complètement et que tu savoures de nouveau la vie à pleine dents sans te soucier de cette presse à scandale de mes fesses.

    - Humhm... Bon je vais y réfléchir ! Dit la jeune femme en soupirant longuement, tout en levant les yeux au ciel en faisant mine d’être agacée sous les yeux hilares de ses deux interlocuteurs.

     

    ~ 173 ~

     

    Elle se dirigea vers sa cuisine pour s’assurer que tous les cartons de cette pièce étaient vides tout en laissant son esprit vagabonder... Cela faisait maintenant deux semaines qu’elle et tout le groupe (en plus de leur Manager et de Zupp et Maïe) étaient arrivés sur le territoire américain afin de poursuivre leur carrière. Le moment du départ fut assez compliqué pour elle car ses parents lui manquaient terriblement. Cependant, c’était nécessaire, il fallait qu’elle quitte le nid et vole de ses propres ailes en assumant sa position de leader d’Amaranth face au nouveau continent.

    Le jeune femme était très satisfaite de leur concept album et attendait avec impatience que le monde le découvre. Leur single était déjà extrêmement bien reçu par les américains, ils ne pouvaient donc qu’être optimistes pour la suite. Ils avaient tellement donné d’eux-mêmes pour réaliser leur projet qu’ils espéraient qu’il sera apprécié à sa juste valeur. Les choses sérieuses allaient véritablement commencer à partir du jour de leur première conférence de presse ! Calypso était plus qu’en extase, elle avait vraiment hâte de montrer de quoi ils étaient capables !

     

    ~ 173 ~

     

    - Tata ! Caly sourit immédiatement en entendant cette petite voix retentir dans la pièce. Elle se dirigea vers le petit bambin d’un an qui rampait vers elle, avec un énorme sourire au visage.

     

    ~ 173 ~

     

    - Où est-ce que tu vas comme ça, mon petit ours ? Roucoula Caly en prenant le petit Asbjörn dans ses bras. Elle le chatouilla afin d’entendre ce petit rire qu’elle aimait tant. Son neveu était un bébé très heureux, joyeux, facile à vivre et choyé par ses parents et sa famille. C’était un plaisir de s’occuper de lui quand Sledge et Zupprika souhaitaient passer du temps rien que tous les deux en amoureux. Ces derniers s’étaient d’ailleurs mariés il y a sept mois, faisant officiellement de Zupprika un membre de la famille Hietala. Caly fut le témoin de mariage de son frère, Maïe et Mina furent les demoiselles d’honneur de Zupp et la cérémonie eut lieu dans un magnifique château à Turku à l’abri des médias. Caly était très heureuse pour eux. Après ce qu’ils avaient traversés, ils avaient besoin d’un peu de bonheur et cela lui donnait en quelque sorte une bonne raison de garder espoir dans le domaine sentimental.

     

    ~ 173 ~

     

    Elle rejoignit ses amis sur la terrasse où Robyn était en train d’allumer le barbecue.

     

    ~ 173 ~

     

    Elle rendit Asbjörn à sa mère qui riait avec Maïe et prit place à leurs côtés sans pour autant entrer dans la conversation. Elle contempla avec émotion chaque personne présente avec elle à ce moment précis, en se répétant à quel point elle était chanceuse et reconnaissante de les avoir eus à ses côtés dans ses moments les plus sombres. C’était en grande partie ces personnes qui l’aidait jours après jours à ne pas penser au chao qu’était devenue sa vie amoureuse. Elle avait passé l’année à se donner à fond dans ses études, la musique et avait même prit l’habitude de courir pour se vider l’esprit. Elle avait besoin de s’occuper pour éviter de se retrouver seule et de trop réfléchir.

     

    ~ 173 ~

     

    La petite brune était bel et bien consciente que sa maîtrise de soi serait mise à l’épreuve sous peu. Malgré s’être psychologiquement préparée à revoir Köylen, elle ne savait absolument pas si elle réussirait à rester placide la prochaine fois qu’elle serait contrainte de respirer le même air que lui. Tout ce qu’elle espérait, c’était que lui ou sa connasse ne chercheraient pas à la provoquer de quelques manières que ce soit car ils auraient une sacrée surprise en retour.

     

    ~ 173 ~

     

    La jeune femme de dix neuf ans soupira discrètement et sourit quand Dante vint s’assoir à ses côtés en lui offrant une bière. Le grand blond platine était quasiment devenu son meilleur ami et continuait de l’aider à parfaire sa maîtrise vocale. Elle-même n’avait jamais pensée qu’elle réussirait à atteindre un tel niveau en si peu de temps mais en même temps elle avait passé tellement d’heures à s’entraîner d’arrache pieds en sa compagnie qu’il était normal qu’elle progresse vite et bien.

     

    - Prête pour la conférence de presse et le live ? Lui demanda-t-il.

    - Oooh oui ! Répondit-elle malicieusement. – On va donner le meilleur de nous-mêmes, comme d’hab’ ! Il faut qu’on mette la presse américaine dans notre poche.

    - Boarf, tu sais que c’est bien parti ? Il y aura les plus grands journalistes spécialisés dans la musique et le divertissement des cinquante Etats du pays sans parler de la presse européenne et asiatique ! Vous allez les achever avec votre live ! Lui assura-t-il, tout souriant. – Il faut absolument que tu chantes les deux premiers couplets de Song of Myself, ils vont devenir complètement dingues !

    - Ce n’est parce qu’ils seront tous présents qu’ils vont forcément apprécier le reste de notre travail, Dan’. Ils sont sans pitiés, ici. Puis pour Song of Myself, on l’interprètera une autre fois, on va se contenter de chanter Amaranth pour garder un peu de mystère. Si je leur montre ce que je peux faire dès le début, ce ne sera pas à notre avantage, il faut y aller doucement.

    - Je ne me fais pas de soucis, ça va aller, en plus tu connais très bien le terrain. La rassura-t-il et c’était tout à fait vrai. Etant donné qu’elle avait passé plus d’un an à aider Gen X à percer dans ce territoire, elle connaissait bien le chemin à emprunter pour arriver au succès. Le seul problème était que la réputation de Caly avait été assez entachée par la presse à scandale sur sa soi-disant relation avec Enzo et lorsque la nouvelle de sa rupture avec Köylen retenti quand il fut photographié aux bras de Kristina dans les rues de Los Angeles, les termes utilisés à son encontre pour la définir furent plutôt cruels. Caly et Enzo durent même faire appel à la justice pour diffamation afin de mettre fin à tout ce tapage médiatique. Ce fut une très mauvaise période pour la jeune femme et elle en restait toujours amère et le plus triste était qu’elle savait très bien que ce ne serait pas la dernière fois qu’elle devrait se défendre à propos de cette histoire.

    - La concurrence reste rude mais l’un de nos objectifs a été atteint aujourd’hui puisqu’on est premier dans le top. Faut continuer sur notre lancée, c’est tout.

     

    ~ 173 ~

     

    - Je peux te poser une question... ? Fit ensuite le grand blond platine, hésitant. Il s’apprêtait à marcher sur des braises en lui posant cette question, mais il avait absolument besoin de savoir.

    - Je sens que je ne vais pas aimer cette question vu le ton que tu viens d’employer...

    - Tu n’es pas obligé d’accepter d’y répondre, Caly.

    - Je t’écoute. Dit-elle une minute plus tard tout en soupirant longuement.

    - Pourquoi tu ne lui as jamais donné sa chance après ton histoire avec Köylen ? Demanda alors son coach. La jeune chanteuse comprit immédiatement qu’il faisait référence à Enzo.

    - Parce que je n’ai jamais ressenti autre chose que de l’amitié pour lui. Je ne pourrai pas le briser comme l’autre con m’a brisé en sortant avec lui, sachant très bien que mes sentiments ne changeraient jamais à son encontre. Je ne veux pas qu’il vive ce que j’ai vécu. Il est mieux qu’on reste amis et jamais ça ne changera. Il s’est fait une raison d’ailleurs puisqu’il s’est remis avec la Timoteij dont j’ai complètement zappé le prénom donc il a avancé et je suis heureuse pour lui.

    - Tu fonctionnes tel un robot depuis ta rupture, tu es misérable, malheureuse et rejette tous les mecs qui s’approchent un peu trop près de toi. Ça te ferait tellement de bien de voir quelqu’un... D’être véritablement heureuse !

    - Je suis heureuse, Dante. Mes rêves se sont réalisés : je vis de ma musique, mon groupe est sur le point de devenir connu sur la totalité du globe, que demander de plus ? Je n’ai pas besoin d’un mec pour être heureuse. Répondit Caly plutôt platement.

    - Tu es heureuse dans ta vie professionnelle mais malheureuse dans ta vie personnelle. Tu es adulée par des millions de fans et c’est super : quand tu es en concert et que tu vois leurs visages s’illuminer quand tu chantes, quand tu les vois pleurer de joie quand tu leur signe un autographe, tu es au sommet de la joie mais quand tu te retrouveras seule dans cette grande maison, seule avec tes pensées, l’euphorie sera terminée, tu vas sentir la solitude te frapper de plein fouet. Il n’y aura personne pour te prendre dans ses bras, pour t’embrasser, pour te...

    - ... Je vous ai, vous ! Ma famille et mes amis sont ceux vers qui je me tourne quand je me sens seule et que j’ai besoin de réconfort. Le coupa Caly tout en gardant un visage impassible. La petite brune avait maîtrisé l’air du poker face, afin que personne ne puisse deviner ses émotions par le biais des traits de son visage. – Je ne suis pas prête à me lancer dans une nouvelle relation, Dan.  Encore une fois, je n’ai pas besoin d’un mec pour me tenir chaud quand je me sens seule. J’ai la musique, la peinture, le sport et une ribambelle de série télévisé pour me tenir compagnie. Alors, ne t’en fais pas pour moi... Pour la énième fois. Dit-elle enfin en décrochant un petit sourire auquel Dante répondit même s’il restait peiné par la situation de son amie.

    - Tu te rends compte que ça fait plus d’un an que tu n’as couché avec personne ? Même ça, ça ne te manque pas ? Lui demanda carrément Dante sans gêne. Les deux amis n’avaient absolument aucuns tabous et parlaient de tous les sujets, y comprit de leur vie intime.

    - Bien sûr que ça me manque mais t’inquiète pas pour moi de ce côté-là. J’ai HJ Junior pour me tenir compagnie quand j’en ai besoin. Je n’ai pas besoin de one night stands comme toi, monsieur. D’ailleurs, n’essayes plus jamais de me caser avec l’un de tes potes, s’il te plaît...

    - HJ quoi ?!

    - Hugh Jackman Junior. Dit-elle enfin. Elle rit face au regard d’incompréhension de son ami avant de finalement l’éclairer sur la chose. Elle se pencha vers lui et chuchota. – C’est le prénom de mon vibro. Dante explosa de rire sans pouvoir s’en empêcher.

     

    ~ 173 ~

     

    - J’espère que tu es au courant que jamais ces trucs ne remplaceront un vrai gars ?

    - Bah... Pour l’instant ça me va. Ne t’en fais pas pour moi, je te dis. Je.vais.bien ! Articula-t-elle exagérément en lui pinçant le bout de son nez amicalement. La frontwoman d’Amaranth remerciait sa bonne étoile d’avoir des amis autant à l’écoute. Ses cicatrices n’étaient pas totalement guéries et avaient de bonnes chances d’être rouvertes mais elle tiendrait le coup coute que coute et ne se laisserait pas abattre. Les peines de cœurs prenaient du temps à passer selon l’intensité de la relation et Caly prendrait le temps qu’il faudrait avant de véritablement faire confiance à un homme. Le plus important était maintenant de montrer ce que son groupe valait musicalement parlant !


  • Deux jours plus tard,

     

    ~ 174 ~

     

    A des milliers de kilomètres des côtes américaines, sur les terres gelées de la Finlande plus exactement, Wilhem s’activait de rejoindre le bureau de son responsable de filière. Il avait été convoqué alors qu’il était en plein cours d’autopsie et autant dire que le jeune homme était à la fois impatient et stressé car il allait enfin savoir si sa requête pour son internat en médecine avait été validée ou rejetée. Arrivé face au bureau du Docteur Hens Virtanen, Wil soupira un bon coup et frappa à la porte.

    - Entrez ! Le jeune homme s’exécuta et salua poliment le médecin qui lui sourit chaleureusement. – Ah, monsieur Vuokko ! Justement je vous attendais. Je présume que vous avez une petite idée de pourquoi je vous ai convoqué ?

     

    ~ 174 ~

     

    - Oui, vous comptez me donner une réponse en ce qui concerne ma demande d’internat. Répondit calmement Wilhem même si à l’intérieur de lui, il était en train de stresser comme un fou ! – Arrête de faire durer le suspens et dis moi si je suis retenu ou non !!! Songea-t-il. 

    - Tout à fait. Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps, je vois bien que vous trépignez d’impatience même si vous faites un effort pour ne pas le montrer. Dit l’homme en riant brièvement. – Bien, j’ai l’honneur de vous annoncer que votre candidature pour intégrer le Cedars-Sinai Medical Center de Los Angeles en tant qu’interne en médecine a été retenue. Vous devrez vous rendre là-bas à la fin de votre semestre, après vos partiels... Donc dans environs deux mois ! Mes sincères félicitations jeune homme, vous le méritez grandement.

     

    ~ 174 ~

     

    - YES !!! S’exclama Wilhem de joie. Un sourire de cent kilomètres s’était un inscrit sur son visage. Il était littéralement aux anges !! - Merci infiniment Docteur Virtanen !! Vous n’avez pas idée à quel point il était important pour moi d’aller là-bas !

    - Hm... Vous espériez pouvoir poser de nouveaux seins à Pamela Anderson, je le sais. Votre rêve deviendra réalité ! Plaisanta le Docteur même s’il savait que son élève n’avait pas pour vocation professionnelle d’intégrer le service de Chirurgie esthétique. Wil rit de bon cœur à la boutade de son supérieur même si elle était pourrie. – Passez un bon séjour dans la ville des anges et si à tout hasard vous croisez Steven Tyler, demandez-lui un autographe pour moi...

     

    ~ 174 ~

     

    Wilhem rit de plus belle tout en lui promettant de lui apporter cet autographe au cas où. A peine sorti du bureau, il entama une danse endiablée de la joie sous le regard amusé des autres étudiants de sa fac et des quelques patients attendaient patiemment pour leur consultation. 

    Depuis son retour de Helsinki, le très grand blond avait travaillé d’arrache pied afin d’oublier l’horrible épisode avec Helga et aussi pour pouvoir se rapprocher de sa sœur qui vivait très mal la déchéance de la jeune rouquine. Pour le peu de nouvelle qu’il avait reçu d’elle, il savait qu’elle avait réussit son objectif de faire des défilés de mode et qu’elle semblait épanouie malgré tout. Cependant, plusieurs mois auparavant, il vit avec stupéfaction que sa grande sœur avait eut recours à la chirurgie esthétique pour « parfaire » son physique. Elle avait précisément subit une rhinoplastie et s’était faite repulper les lèves. De plus, elle avait perdu davantage de poids et cela l’alerta immédiatement. Ce fut pourquoi il ne trouva pas d’autres moyens que de tenter de se rapprocher d’elle en devenant un interne dans la clinique privée la plus réputée de Los Angeles. Ainsi, il pourrait être auprès d’elle sans avoir à sacrifier ses études... et puis ce ne serait qu’un avantage d’avoir eu le privilège de soigner des stars et autres personnalités pour son CV ! Bien entendu, il décida de surprendre sa sœur et de ne pas la prévenir de son arrivée imminente. Il était persuadé qu’elle ferait tout pour l’en empêcher mais Wilhem était un Vuokko, et les Vuokkos étaient très têtus ! 

    Une chose était sûre, il ne pouvait s’empêcher de compter les jours jusqu’à ce qu’il pose enfin un pied en Californie.

     

    ❋  ❋  ❋ 

     

    Au même moment, en Angleterre.

     

    ~ 174 ~

     

    Evangelia se trouvait dans le bureau de son boss. La strip-teaseuse avait un très mauvais pressentiment quant à la raison de sa présence dans ce bureau pour la bonne et simple que raison qu’il était très rare que Joshua Bancroft, le proprio de la boîte où elle dansait depuis bientôt dix ans ne convoque l’une de ses filles un samedi matin pour une réunion de routine. En général, quand il avait un message à leur faire passer, il le faisait dès que les danseuses arrivaient dans leurs vestiaires ou bien après leur spectacle. La cubaine sentait donc que ce qu’elle allait entendre de la part de son patron n’allait absolument pas la plaire.  

     

    - Bon Evy, j’vais pas tourner autours du pot. Tu ne peux plus continuer à bosser ici, on a deux nouvelles recrues qui vont prochainement arriver et ça commence à me coûter trop cher de payer autant de danseuses.

     

    ~ 174 ~

     

    - Ouais c’est ça, fous-foi d’ma gueule pendant qu’t’y es ! C’est mon âge qui pose problème, tu pourrais au moins porter tes couilles et me dire la vérité ! S’enflamma directement la cubaine en se levant brusquement de son siège, soudainement très en colère . Elle allait bel et bien se retrouver dans une sacrée mouise. Ce boulot était tout ce qu’elle avait pour survivre. Elle ne savait rien faire d’autre...

     

    ~ 174 ~

     

    - Tout doux ma belle ! La tempéra-t-il.

     

    ~ 174 ~

     

    - Putain, mais il n’y a pas de « tout doux » qui tienne, espèce de saloperie ! Tu connais ma situation, tu sais très bien que je ne sais rien faire d’autre que faire du striptease, Josh ! C’est tout ce que j’ai ! Comment je vais pouvoir vivre maintenant ? Je ne trouverai même pas un boulot lambda à la con à cause de mon putain de casier judiciaire ! Tu viens de m’anéantir, là ! S’emporta Evangelia en tapant du poing sur la table, faisant sursauter son interlocuteur. Ce dernier s’attendait bien évidemment à ce que cette nouvelle soit mal reçue, mais il ne prévoyait pas une réaction aussi enflammée de sa part. Il reprit rapidement sa contenance et essaya d’en placer une.

    - Du calme, Evy !! J’ai une alternative pour toi !

    - Ah ouais et c’est quoi ? Tapiner sur le trottoir ou dans un bordel de luxe ? Ou bien faire du téléphone rose ou du Sex Live! Est-ce que j’ai l’air d’une pute ? Certes, je me déshabille pour me faire du blé mais y a pas un salopard qui me payera pour me toucher ! Sur ma vie que ça n’arrivera pas !

    Joshua glissa une carte de visite vers la jeune femme de trente-sept ans sans dire un mot. Cette dernière arracha la carte de ses doigts et la lu à voix haute.

    - Pink Bunny Production ? Attends t’es sérieux là ? Tu as entendu ce que je viens de te dire ? Je ne veux pas qu’on me paye pour que je me fasse sauter, et encore moins si c’est pour du porno !!!

     

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    - Ce n’est pas une boîte de prod’ de film porno, mais de films et de photos érotiques. Les actes sexuels sont simulés et il n’y a rien de vulgaire, c’est beaucoup plus sensuel et esthétique. Ecoute, j’ai parlé avec le boss de la boîte et il est prêt à t’auditionner dès que tu t’en sentiras prête. Il t’as déjà vu danser et il est très intéressé... Donc si jamais tu ne trouve pas d’autre alternative, pense à ça, tu seras mieux payée qu’ici en plus... Je suis navré d’avoir à me séparer de toi, tu étais très performante mais j’ai un business à faire tourner et les clients veulent voir de la chair bien fraîche si tu vois ce que je veux dire. Tu es loin d’être fanée mais ça se voit que tu as vécu quoi... En tout cas je te souhaite une bonne continuation.

     

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    - Vas t’faire enculer à sec, ok ?! Se contenta-t-elle de lui répondre avec rancœur avant de sortir de la pièce en frappant la porte tellement fort sur son passage que Joshua crut pendant une fraction de seconde qu’elle était sortie de ses gonds. L’homme soupira de lassitude et se remit au travail pendant qu’Evy sortit de son ancien lieu de travail, au summum de la rage.