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Le lendemain,
Kristina logeait dans un petit hôtel de la capitale finlandaise. Elle n’aimait pas beaucoup ce pays... Il faisait trop froid et ce n’était pas aussi moderne que Los Angeles mais elle finirait par s’y faire pour les beaux yeux de Köylen. Elle était aussi assez affecté par l’état de sa petite sœur, elle ne souhaitait pas spécialement qu’elle fasse un malaise (même si elle le redoutait en venant ici) mais elle ne pouvait laisser cette occasion de passer du temps avec son beau finlandais.
Elle avait remarqué que sa petite gamine avait finit par être célèbre ici car elle avait vu la photo de son groupe placardé dans certains magazines quand elle était arrivée dans le pays. De plus, elle avait pu visionner son clip et voir les spots publicitaires de son album. Ceci ne fit que susciter encore plus de jalousie à son égard. Cette gamine avait intérêt à bien tenir son homme.
Kristina attendait son père qui devait la rejoindre dans son hôtel. Elle sentait qu’elle allait avoir le droit à un hyper méga supra sermon de la mort qui tue. Elle se préparait psychologiquement à se prendre une vingtaine de reproches en pleine figure. On toqua à la porte et en soupirant longuement, elle l’ouvrit et laissa passer son père qui avait l’air vraiment remonté. Elle le regarda jeter ses affaires près du sofa.
- Bienvenue en Finlande, papa ! Dit-elle d’un ton ironique qui ne plu absolument pas à Brian.
- Tu crois que ça m’amuse de parcourir la moitié du globe parce que tu es venue mettre la pagaille dans la vie de ta sœur ?! Tu savais très bien qu’elle ne voulait pas que tu la suive ! Pourquoi tu n’en as fait qu’à ta tête ? Tu savais pourtant de quelle manière elle allait réagir ! Je ne te comprends vraiment pas, Kristina !
- Oui, tu ne me comprends pas, je l’avais bien remarqué.
Brian soupira bruyamment. Il n’était vraiment pas d’humeur à se prendre la tête une énième fois avec son aînée. Il était là dans un but précis: ramener sa fille cadette à la maison.
- Bon, donne-moi l’adresse de l’hôpital où se trouve ta sœur si ce n’est pas trop difficile pour toi de prendre un bout de papier, un stylo et surtout d’écrire.
Kristina, vexée par l’ironie de son père s’exécuta sans oublier de pouffer de manière enfantine.
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Arrivé sur place, il repéra aisément la chambre où était alitée sa fille. Ce qu’il aimait dans ce pays c’est que tout était écrit non seulement en finnois mais également en anglais. Ainsi, il pouvait facilement se situer. Il toqua rapidement et entra dans la chambre. Il se précipita au chevet de sa petite fille et ne cessa de lui demander si elle allait bien, si elle avait mal quelque part ou besoin de quelque chose tout en prenant sa température, un vrai papa poule quoi...
- Mais tout va mieux maintenant, je te dis ! Maya adorait vraiment son père mais il s’en faisait vraiment trop pour elle parfois.
- Je savais que ce n’était pas une bonne idée qu’on te laisse partir !
- Tout se passait bien jusqu’à ce que Kristina débarque !! Puis ce n’est pas le Moyen Âge ici, ils ont tout ce qu’il faut pour me soigner ! Regarde, je vais bien maintenant, non ?
- Oui mais ces médecins ne te suivent pas depuis que tu es gosse. Tu sais très bien que ton cas est très rare...
- Oui mais je vais bien et je ne veux pas repartir à cause de l’autre ! Je suis très bien ici... Je m’y suis fait plein de nouveaux amis et ils ne sont pas superficiels comme ceux que j’ai connus à L.A ! Je suis vraiment bien avec eux...
Brian était touché de voir sa fille si épanouie mais il ne pouvait prendre le risque qu’elle fasse une nouvelle crise. Là, elle avait fait un petit malaise mais qui savait ce que l’avenir lui réservait.
- On en reparlera... Tu ferais mieux de dormir un peu, non ? Fit Brian en prenant s’asseyant sur une chaise près de son lit.
- Ah non, je n’en ai pas envie. En plus, j’attends Calypso, elle ne devrait pas tarder. Elle m’a préparé des Muffins à la cannelle ! Elle est trop forte à ça, je te ferai goutter. Elle en a apporté à son frère qui est toujours hospitalisé ici et pour moi! Ça te permettra de faire sa connaissance pour de vrai aussi... Elle est trop cool, tu vas l’adorer.
Le cœur de Brian s’emballa. Il n’avait pas pensé qu’il rencontrerait Calypso. En réalité, il pensait repartir le lendemain pour Cuba en compagnie avec sa cadette. Il ne savait absolument pas que son frère adoptif était encore hospitalisé... Il était à présent très stressé et il fit un effort considérable pour ne pas laisser paraître son ressenti. Il n’était pas prêt pour rencontrer Caly maintenant... Pas prêt du tout.
Alors qu’il allait trouver une excuse pour sortir de la pièce pendant un moment, il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche puisqu’ils entendirent quelqu’un toquer à la porte.
- Ah, ça doit être elle ! S’exclama Maya, heureuse. - ENTRE !
Brian s’arrêta presque de respirer quand il la vit pénétrer dans la chambre. Il avait l’impression d’être dans un rêve et que tout ceci n’était pas réel mais ça l’était bel et bien. Sa petite Calypso était bien en face de lui, dans la même pièce. Ils respiraient le même air pour la première fois.
Il la regarda sourire et craqua complètement devant sa bouille adorable. Lorsque ses yeux marron se posèrent sur les siens, Brian dû continuer de garder le contrôle de ses émotions. S’il s’écoutait, il se précipiterait vers elle pour la prendre dans ses bras et ne plus la lâcher. Il avait envie de pleurer de joie.
- Caly, je te présente mon papa en chair et en os ! Maya fit les présentations alors qu’il savait bien plus de choses sur elle qu’elle ne pouvait l’imaginer... – Papa, voici Calypso, mon amie !
- Ravie de vraiment pouvoir enfin faire ta connaissance, Calypso... Il n’y avait pas à tortiller, Brian jouait très bien la comédie.
- De même ! Répondit-elle en lui faisant la bise à sa plus grande surprise. Ce contact faillit le faire défaillir. Il touchait son enfant pour la toute première fois, il dut faire un effort surhumain pour empêcher ses larmes de joie de lui monter aux yeux... – J’espère que les Muffins te plairont, j’en ai fait une double ration vu que tu es aussi gloutonne que mon frère ! Dit-elle tout en posant les pâtisseries sur sa table de chevet.
- T'inquiètes, je sais que je ne serai jamais déçue !! Fais péter !!
- Gourmande, va ! S'exclama Caly tout en riant de bon cœur.
Brian adorait le son de sa voix un peu aiguë et son rire était des plus ravissants et communicatifs. Il aimait tout chez elle... En fait, elle lui rappelait beaucoup Evangelia à cet âge. Elle était vraiment son portrait craché. Elle était plus que magnifique. Il remarqua cependant qu'elle avait hérité de la forme de ses yeux et de la petite taille de sa propre mère. Ils partageaient également la même nature de cheveux bien qu'ils étaient noirs corbeaux comme ceux d'Evy.
- Vous avez fait un bon voyage ? Lui demanda alors Calypso en prenant place sur le siège à côté du sien. – Vous n’êtes pas trop chamboulé par notre climat ?
- Oh, eh bien ça va, je m’attendais à pire.
- Vous êtes arrivé à la « bonne » période, c’est pour ça. Vous seriez venu deux mois plutôt vous auriez vu la différence...
Ils passèrent ensuite une bonne demi-heure à discuter de tout et de rien, surtout à rire aux blagues et pitreries de Caly et Maya. Brian était totalement émerveillé face à cette jeune fille qui possédait une partie de lui en elle. Il était fier d’être responsable de la naissance d’un être aussi parfait. Elle était belle et intelligente comme ses deux premières filles et la voir interagir aussi naturellement avec Maya et surtout d’être présent pour voir ça, le rendait vraiment très heureux.
De plus, il était extrêmement admiratif face à sa force de caractère. Elle avait faillit perdre son frère adoptif de manière tragique et malgré ça, elle réussissait à garder la tête haute et sa bonne humeur. Brian se demandait comment cela se faisait qu'elle soit si mature à son âge. Il se dit ensuite que cela devait sûrement venir de l'éducation qu'elle avait reçue par ses parents adoptifs. Ou bien peut-être qu'elle avait vécu plusieurs péripéties dans sa vie lui permettant par la suite d'adopter cette manière de gérer ses émotions. Il ne savait absolument pas dans quelles circonstances elle avait été adoptée, il ne savait absolument pas à quel âge elle était arrivée chez les Hietala et du coup si elle avait dû faire face à d'autres évènements malheureux avant d'être adoptée. Tout ce qu'il savait, c'était qu'elle avait été très bien élevée et qu'elle était une artiste promise à une très grande carrière. Il écoutait les chansons que Maya lui avait donné quotidiennement et le soir de la cérémonie, lui et Mila avaient été complètement hypnotisés par sa voix même s'ils ne comprenaient pas son langage. Brian ne pouvait qu'être que content qu'elle n'ait pas mal tournée et qu'elle soit si bien élevée.
Peu après, trois coups brefs retentirent à la porte, annonçant l’arrivée de Sebastian firent sortir Brian de ses songes. Le batteur des Gen X entra après l’approbation de Maya d’un air serein. Caly, devinant qu’ils allaient sûrement avoir besoin d’intimité pour discuter tous les trois, décida que c’était le moment adéquat pour prendre congé et aller voir son grand frère.
- Bon, je vais vous laisser !! A plus tard Maya et au revoir monsieur Hallorhan. J’ai été vraiment très ravie de vous rencontrer. Dit-elle en se lui faisant la bise une seconde fois. Elle enlaça rapidement Sebastian en guise de salutation avant de disparaître de la pièce.
- Au revoir, Calypso. Après avoir rompu le contact, il sourit en la regardant sortir - On se reverra dans d’autres circonstances ma chérie... Songea-t-il ensuite.
Maya présenta Seb à son père. Ils discutèrent de tout et de rien et Brian devait avouer qu’il trouvait que Seb avait l’air de quelqu’un de sérieux et au petit soin pour sa fille. Il décida alors de lui expliquer plus en détail la maladie de sa fille histoire qu’il s’assure qu’il était près à assumer tout ce qu’une telle pathologie aurait comme effet sur sa vie avec Maya. C’était bien beau de dire qu’il voulait être là pour sa fille mais ce dont il avait été témoin était plus que minime et il ne voulait pas que sa fille souffre si jamais Seb se rendait compte que c’était trop à supporter.
- Comme on vous l’a sûrement déjà expliqué, ma fille souffre d’une forme extrêmement rare du Syndrome de Willebrand. Jusqu’à maintenant c’est considéré chez elle comme une maladie orpheline dans la mesure où tous les médecins et chercheurs qui la suivent n’ont trouvé aucune autre personne présentant exactement les mêmes symptômes. En clair : quand ma fille est très énervée ou choquée émotionnellement, il en résulte des saignements. Compte tenu que ce syndrome est une forme d’hémophilie à la base, tout saignement est très compliqué à arrêter et nécessite plusieurs jours voir semaines d’hospitalisation suivant l’ampleur de la crise. Il faut donc, pour éviter ces genres d’évènements, qu’elle se trouve dans un environnement stable et sain avec des gens sains eux-aussi. Mais bon, vous savez comme tout le monde que la vie est loin d’être un long fleuve tranquille, il y aura forcément des périodes difficiles à vivre mais quand ce sera le cas, il faudra s’assurer qu’elle sera prise en charge immédiatement par des médecins. Jusqu’à maintenant, on a toujours réussi à la maintenir en bonne santé et j’aimerais m’assurer que ça sera toujours le cas si jamais elle devait rester avec vous. Cependant, je pense que la solution actuelle serait qu’elle rentre avec moi demain après-midi histoire de passer des examens supplémentaires... Je veux seulement m’assurer que vous êtes conscient de ce qui pourrait mettre la vie de ma fille en danger et que vous ne la laisserez pas tomber quelques temps après parce que vous vous serez rendu compte que c’était trop dur à supporter.
Sebastian digéra toutes ces informations. Sa petite amie était vraiment atteinte d'une maladie sérieuse et très contraignante. Il croisa son regard timide et triste et il n’eut même pas besoin de réfléchir deux secondes supplémentaires.
- Ecoutez... Dit-il. – Je sais que vous avez fait le déplacement pour repartir avec votre fille mais j’aimerais faire tout ce qui est en mon possible pour vous faire changer d’avis. Je m’occuperai bien d’elle et je la forcerai à vous donner des nouvelles de manière régulière ! Je tiens énormément à elle et ne souhaite que le meilleur pour elle alors croyez-moi quand je vous dis que vous pourrez dormir sur vos deux oreilles. Votre fille est entre de bonnes mains.
- Je sens que vous êtes sincère et je vous crois dans ce que vous venez de me dire mais la maladie de ma fille n’est pas anodine. Ce serait risqué qu’elle ne soit pas suivie par les experts qui se sont occupés d’elle depuis sa naissance.
- Mais il existe les webcams, beaucoup de médecins consultes leur patients comme ça maintenant ! On pourra faire ça avec les médecins qui me suivent. On pourrait organiser une consultation deux fois par mois par exemple, histoire de s’assurer que tout va bien chez moi et au moindre problème je rapplique ! Proposa Maya. - Allezzzzz... !
- Bon, laissez-moi réfléchir un peu...
- Yes !! S’exclama Maya. Elle était extrêmement heureuse que Sebastian n’ait pas prit la fuite quand son père lui expliqua de manière plus complète comment fonctionnait son syndrome. Elle savait à présent avec certitude qu’elle pouvait lui faire confiance à cent pour cents.
- Ne saute pas de joie toute de suite, je n’ai pas accepté ! Je vais voir ce qu’en pense ta mère, je ne peux pas prendre de décision sans elle.
- Elle sera d’accord !! Certifia-t-elle en engloutissant un Cupcake. - Ch’en voulez ? Leur proposa-t-elle la bouche pleine ce qui fit rire les deux blonds. - Bwah quoi ?!
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En début de soirée,
A l’hôtel, Kristina moisissait comme un rat mort alors que son père était toujours au chevet de sa soeur, jusqu’à ce qu’elle reçoive un appel de Köylen. Elle décrocha, visiblement très heureuse.
- Köylen, comment ça va depuis hier.
- Bien. Dis-moi, tu comptes rester ici longtemps ou tu es juste de passage ?
- Bah... Je pensais rester sur le long terme mais vu l’accueil... Dit-elle d’un ton faussement triste.
- Ça va s’arranger, t’en fais pas... La consola-t-il. – Tu dors à l’hôtel c’est ça ?
- Mouais...
- Prends tes affaires, je t’héberge. On a une chambre d’ami à la villa.
- Heu... ça ne risque pas de gêner tes amis et... ta petite amie.
- Au dernière nouvelle c’est chez moi, alors j’y accueille qui je veux et ce serait bête que tu flambes tes thunes dans un hôtel moisi. Allez, on t’attend. A toute à l’heure. Je t'envoie l'adresse par sms pour que tu la file au chauffeur de taxi.
Kristina raccrocha avec un énorme sourire au visage. Tout fonctionnait comme elle voulait finalement !