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Au même moment,
Köylen et Calypso venaient d’arriver devant la maison dans laquelle le chanteur avait passé toute son enfance. Il regarda la bâtisse en souriant tristement. Il aimait revenir ici et il était vraiment content d’être là avec sa petite amie. Elle avait hâte de découvrir l’environnement dans lequel il avait grandit.
- Tu as engagé quelqu’un pour tenir la maison propre pendant ton absence ?
- Oui. Répondit Köylen. – Tu sais que cette maison a appartenu à plusieurs générations de ma famille maternelle ? Mon arrière grand-mère y a grandit, ma grand-mère, ma mère... et moi. C’est pour ça que je ne compte pas la revendre.
- Tu penses y faire grandir tes propres enfants aussi ? Lui demanda alors sa petite amie.
- Je ne sais pas... En tous cas, si un jour j’ai des gosses il est certain qu'ils connaîtront cette maison et ils devront savoir parler allemand. Ça pourrait être un bon endroit pour des vacances...
Caly sourit largement en suivant Köy qui lui fit visiter toutes les pièces. Elle était en train de l’imaginer lui, Seb et Korben en train de courir partout en riant quand ils étaient petits. Quelques secondes plus tard, ils se retrouvèrent dans une grande chambre.
- On dormira ici ! Décida le grand brun en s’affalant sur le lit. – C’est mon ancienne chambre ! Je ne me voyais pas faire de cochonneries dans celle de ma mère...
- Des cochonneries... Bah voyons ! S’amusa Caly en le rejoignant. Il l’embrassa tendrement en la serrant contre lui. – Tu veux commencer maintenant ou quoi ?
- Tu m’excites trop, j’y peux rien ! Si je m’écoutais on ne ferait que ça de la journée. Rit le brun avant de reprendre plus sérieusement. – Merci encore d’avoir accepté de m’accompagner ici. Tu ne sais pas comme ça compte énormément pour moi de venir me ressourcer ici avant d’attaquer avec la sortie de l’album et surtout les tournées...
- Tu n’as pas à me remercier pour ça. Ca me fait plaisir d’être là avec toi... et c’est surtout à moi de te remercier de t’ouvrir à moi comme ça. On m’a dit que d’habitude tu préférais venir ici tout seul.
- Oui c’est vrai... Mais tu comptes pour moi et le meilleur moyen que j’ai pour m’ouvrir davantage à toi est de t’emmener ici. Ce sera plus facile de te parler de ma vie... Lui répondit-il en lui caressant affectueusement la joue. - Bon, Fit-il au bout d’un moment. - Et si je te présentais ma mère ?
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Ce fut ainsi qu’une fois s’être changé, le couple se dirigea vers le cimetière de la ville. Il faisait beau, chaud et le cimetière n’était pas loin de la plage, endroit où ils avaient prévu de terminer leur première journée dans cette jolie ville allemande, proche des côtes danoises. Elle sentit l’étreinte de la main de son petit ami se renforcer au fur et à mesure qu’ils approchaient du cimetière et lorsqu’ils arrivèrent, Köylen s’arrêta rapidement devant la grille pour respirer un bon coup. Calypso remarqua rapidement qu’il était vraiment triste alors elle se blottit contre lui et lui caressa tendrement le bras.
Ils entrèrent finalement dans le grand cimetière et Caly suivit silencieusement son petit ami jusqu’à une tombe fleurie.
*Inscription sur pierre tombale: Les anges volent seuls*
Il lâcha sa main et l’invita à s’assoir à même l’herbe, comme il le faisait. Un petit silence tomba dans cet endroit sacré et Caly trouva que Köy était devenu un peu plus serein.
- Ca va aller... ? Lui demanda-t-elle tout de même
- Oui. Répondit-il en lui souriant légèrement. - Je suis content d’être ici, près de ma mère. J’aurais aimé que vous vous connaissiez...
- J’aurais aimé aussi...
- Je suis prêt à te raconter son histoire. Il faut avant ça que tu saches que tu es la seule avec Seb, Korben et leur mère à être au courant de ce qu’elle a traversée et du coup ce que j’ai traversé aussi par la même occasion...
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♫ Lafee - Wer bin ich ( Instrumental ) ♫
- Ma mère n’a pas vraiment eut une enfance tranquille, elle non plus... Elle a perdu ses parents quand elle avait cinq ans. Ils sont morts dans un crash aérien et elle a été élevée par sa grand-mère maternelle ici. Elle était hantée par la disparition de ses parents et les seuls moyens qu’elle avait pour évacuer toute cette peur et cette tristesse étaient la musique et son Tagebuch. Depuis qu’elle a acquise la capacité d’écrire, elle inscrivait ses moindres pensées dedans...
A dix-sept ans, elle a eut la possibilité de partir étudier pendant deux ans à Jyväskylä dans le but de pouvoir intégrer Sibelius par la suite dans la catégorie chant. Maman avait toujours rêvée de voyager, elle ne pouvait pas se le permettre avant car sa grand-mère était en mauvaise santé et elle ne voulait pas partir sans elle. Mais bon, quand elle est finalement partie pour son école finlandaise ça a été un véritable déchirement pour elle de la quitter même si l’excitation de découvrir de nouvelles horizons était bien là !
Arrivée à Jyväskylä School of Music, tout se passait bien, elle se faisait de nouveaux amis et les cours auxquels elle assistait lui plaisaient. Elle était parvenue à améliorer sa voix et son jeu au piano. Un jour, elle a rencontré un étudiant étranger comme elle... sauf qu’il était originaire de Prague. Il s’appellait Karel Nekovar, il avait à l’époque dix neufs ans, brun aux yeux bleus, mystérieux... Je répète ce que j’ai lu dans son journal intime je précise...
- C’est... ton père ? Demanda alors Caly.
- Oui tout à fait... Elle s’était d’abord liée d’amitié avec lui car ils faisaient tous les deux parti du peu d’étudiants étrangers de l’école. A l’époque, le finnois de ma mère faisait vraiment pitié du coup ils communiquaient en anglais. Rapidement ils se sont plus et ont commencé à sortir ensemble. Ma mère était folle amoureuse de lui et elle était persuadé que tout ça était réciproque. D’après ses écrits, il lui disait qu’il l’aimait plus que tout, qu’il n’imaginait pas vivre sans elle etc... Pourtant, il l’a laissé tomber un an plus tard en repartant dans son pays du jour au lendemain, sans même la prévenir !
- C’est dégueulasse !
- Ouais... Surtout que j’étais en route, moi. Elle était vraiment tombée de haut, tu sais ! Non seulement elle apprenait qu’elle était enceinte à dix-huit ans, que sa grand-mère venait de mourir et aussi que son copain et père de son futur enfant avait disparut sans laisser de traces.
- Mais tout ça, elle l’a apprit le même jour ?!
- En fait quand elle a apprit la nouvelle pour sa grand-mère, elle a voulu aller chercher du réconfort auprès de Karel et il avait déserté son appartement. Surtout que lorsqu’elle a été mise au courant, sa grand-mère était déjà décédée depuis plusieurs jours et enterrée depuis peu !
- Quelle horreur...
- Ensuite, elle s’est rendu compte de sa grossesse une semaine plus tard vu qu’elle avait du retard... Elle aurait pu péter un câble, tout lâcher et avorter mais elle ne l’a pas fait.
- Elle a tranquillement terminée son année et rejoint un foyer pour jeunes mère ado à Tampere. C’est là bas qu’elle a fait la connaissance de Klaara et Elvi. Seb et Korben était déjà nés, ils avaient respectivement un an et neuf mois. Ma mère était à cette époque, enceinte de six mois. Une forte amitié s’est rapidement créée entre elles trois et quand je suis finalement arrivée, elle a décidé de les embarquer avec elle à Kiel pour nous faire grandir dans la maison où elle-même avait grandit.
Elle voulait qu’on mène tous une agréable vie, qu’on ne soit pas dans le besoin. La mère de Seb avait réussit à reprendre ses études d’Infographie et Elvi avait trouvé un job de nuit, ce qui lui permettait de s’occuper de son fils, de moi et de Seb quand ma mère et Klaara étaient absentes.
Maman voulait réaliser son rêve et devenir chanteuse. Elle a pendant un moment essayé de se lancer en allant carrément dans les maisons de disques pour présenter ses travaux mais à chaque fois ce n’était pas vraiment concluant. A chaque fois, les personnes qu’elle allait voir étaient très intéressés par sa voix et non par ses textes. Ils voulaient en fait la formater pour en faire un produit commercial, si l’on peut dire ! Ils voulaient qu’elle se contente bêtement d’interpréter des textes déjà écrit sur des morceaux déjà composés. Bien sûr elle avait à chaque fois refusée...
Elle a trimé pendant plus d’un an avant de finalement céder. Elle s’était dite que si la soupe qu’elle acceptait de chanter était vraiment apprécié par le grand public, elle pourrait au bout d’un moment les laisser tomber et voler de ses propres ailes et enfin proposer ses propres textes. Puis avec l’argent qu’elle se ferait avec ces futurs singles nous aideraient amplement à bien vivre.
C’est comme ça qu’elle est devenue Ozzy, une célèbre chanteuse d’électropop.
- Arrêtes !! S’exclama Caly qui n’en revenait pas. – C’est elle qui chante Du hast den schönsten arsch der Welt ?! Wow... Si je m’attendais à ça... Personne n’a pu voir à quoi elle ressemblait vraiment.
- Oui c’est bien elle et si tu ne l’as jamais vu c’est tout à fait normal, elle n’a jamais voulu qu’on voie son visage que cela soit dans les clips ou pendant les concerts. Elle avait vraiment honte de chanter ces chansons... mais elles rencontraient et rencontrent toujours un succès fou auprès du public européen.
Il y avait aussi une autre raison sur le fait qu’elle n’ait pas voulu montrer son visage. Elle ne voulait pas me porter préjudice si un jour je me lançais moi aussi dans la musique. Et durant toute mon enfance, elle m’a formé pour que je devienne ce que je suis aujourd’hui. C’est pour ça que je tiens à Gen X comme à la prunelle de mes yeux, je veux qu’on arrive au sommet pour que je puisse un jour faire entendre au monde entier toutes les chansons que ma mère n’aura jamais pu partager avec quiconque que moi...
- Co... Comment elle est morte... ? Demanda alors Caly, touchée et bouleversée de connaître la vie de la mère de son petit ami.
- Mort subite... On a décelé chez elle le Syndrome de Brugada... C‘est une maladie rare, incurable et génétique. Je ne sais pas si elle savait qu’elle était atteinte de ça mais parfois quand je pense à quel point elle a voulu me perfectionner artistiquement parlant et surtout au temps qu’elle me consacrait, je me demande si elle ne l’était pas...
C’était comme si elle voulait profiter de chaque secondes avec moi, comme si elle savait que du jour au lendemain elle disparaîtrait définitivement...
Un mois après sa mort, Klaara a fait toutes les démarches pour m’adopter et une fois qu’elle est devenue ma « mère » on est tous reparti pour Tampere. J’avais douze ans quand je suis revenue en Finlande... J’étais instable à cette époque, toujours sous le choc d’avoir perdu si subitement la personne que j’aimais le plus sur ce globe et j’avais des tendances un peu suicidaires...
Ce qui m’a fait tenir ce sont Seb, Korben, leurs mères, le journal intime de ma mère mais c’est surtout la naissance de Gen X... Enfin Ewigkeit à l’époque. Je n’étais pas au chant à l’époque vu que ma voix muait mais à la basse...
Caly sourit tristement, elle savait déjà cela part le biais de Seb et elle était vraiment ravie qu’il se soit autant ouvert à elle. Elle le comprenait beaucoup mieux lui et ses motivations avec Gen X.
-... Ensuite, au bout d’un an et demi j’ai prit le micro, Torsten et Jan nous ont rejoints et on a commencé à travailler beaucoup plus sérieusement. Deux ans plus tard on a été repéré par Stefän Hirvaski et l’année qui a suivit on sortait notre tout premier single... La suite tu la connais.
- Merci de t’être ouvert comme ça... Ta mère était vraiment quelqu’un de formidable et ton hommage envers elle sera plus qu’honorable ! Elle doit être fière de toi, s’il y a bien une vie après la mort. Et tu réussiras ton objectif, je t’y aiderai...
- J’espère bien... Se contenta de répondre Köylen. – Parce que je compte bel et bien sur toi pour les chanter ses chansons...
- C’est un honneur pour moi... J’espère en être digne et ne pas te décevoir.
- Ça n’arrivera pas, tu es parfaite.
- Au fait... Tu m’as dit que ta mère était décédée à cause d’une maladie incurable et génétique... Est-ce que ça signifie tu risques toi aussi d’être victime d’une mort subite... ?
- C’est... C’est possible oui. Lui répondit son petit ami au bout de quelques secondes. – Je n’ai pas fait le test en fait... Je n’ai pas envie de le savoir je pense... Il vit les yeux marron de Caly s’embuer de larme instantanément et il se sentit tout à coup très mal.
- Fais le quand même ! Il doit bien y avoir une prévention pour ce syndrome voir même un remède depuis le temps !! Fais le !
- Non, je ne veux pas savoir... Je veux pouvoir vivre ma vie tranquillement et normalement sans me dire que je risque de mourir à n’importe quelle seconde ! Puis malheureusement il n’y a toujours pas de remède pour cette maladie. Je ne veux pas que tu sois triste alors sèche-moi ces larmes et allons à la plage. Tu t’inquiètes vraiment pour rien... T’en fais pas, je te ferai chier encore longtemps! Compte là dessus !